Kangouroad
Movie est le dernier roman publié du vivant d’ADG
en 2003. L’année d’après, Gallimard réédite les meilleurs auteurs de la
collection Série noire, sauf ADG, le
plus grand d’entre eux. C’est peut-être ce qui a achevé l’auteur bien malade.
Gallimard a réparé sa faute en 2008, mais trop tard.
Kangouroad
Movie est un roman noir vraiment désopilant : un roman drôlement noir
mâtiné d’aventures rocambolesques. De fait, l’ensemble du récit apparait comme
une vaste farce à prendre au second degré. L’action se passe dans le bush
australien, le désert où vivent les Aborigènes. L’auteur nous décrit avec force
détails et une grande érudition la flore et la faune. Sa connaissance profonde
du pays (il a vécu plusieurs années dans la région) transparait à chaque
paragraphe, notamment quand il nous initie à la pensée aborigène, un peu à la
manière d’un ethnologue disjoncté.
L’histoire est
riche en rebondissements, souvent improbables, mais l’intrigue n’est pas le
point fort d’ADG. Un Australien blanc et un Aborigène chargés de réparer la
barrière anti-dingo (plus longue que la muraille de Chine, plus longue que
toute construction humaine depuis l’origine des temps) trouvent dans le désert cinq
cadavres affreusement mutilés et une survivante étrange. Comme ils font la
bêtise de ne pas aller à la police immédiatement, ils sont pris dans une
tornade d’emmerdements.
Comme souvent
dans l’œuvre d’ADG, le point fort est le style. Descriptions colorées,
dialogues percutants, métaphores puissantes et originales, vocabulaire très
riche, néologismes et un zeste de calembours font d’ADG un virtuose du style, un
grand de l’écriture, comme on en voit très peu en langue française.
Ce
chef-d’œuvre ô combien croustillant et marquant constitue son bouquet final du chant du cygne. Chapeau
l’artiste !
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