Paru en 2008
aux États-Unis, ce roman de science-fiction devint aussitôt un best-seller.
Depuis, deux autres tomes ont complété la trilogie, et une série d’adaptations
cinématographiques est en cours. Je traiterai ici du premier roman.
Hunger Games est une dystopie ou
contre-utopie, c’est-à-dire un monde très merdique. Mais en fait, guère plus
que l’âpre révolution industrielle du XIXe siècle, la 1ere guerre mondiale, la
seconde, la Grande Dépression… La Grande Dépression, justement ! L’auteure
s’est inspirée de la vie de son père à cette époque : il avait tellement
faim qu’il devait chasser pour survivre. Et la guerre du Vietnam, merdique
aussi. Là encore, Collins s’est souvenue de l’angoisse qu’elle éprouvait devant
la télé, pendant que son père combattait là-bas. Le monde des Hunger Games est un peu plus hard que
notre époque, soit. Quand les États-Providence auront fait faillite en cascade,
il faudra toutefois réévaluer le confort de notre monde par rapport à celui de la
dystopie des Hunger Games.
Chaque année,
les douze provinces doivent envoyer un jeune homme (entre 12 et 18 ans) et une
jeune fille pour s’entretuer dans une arène moderne. Quel crève-cœur pour les
familles ! Quel spectacle alléchant pour les voyeurs télévisuels ! Notre
héroïne y va et elle doit survivre ; la galère…
L’auteure
affirme s’être inspirée du mythe de Thésée et du Minotaure. Périodiquement,
Athènes devait envoyer sept jeunes filles en Crète pour y être sacrifiées au
Minotaure dans son labyrinthe, car Athènes avait déplu aux Crétois qui
entendaient leur rappeler de rester cois.
On a reproché
à Collins d’avoir plagié Battle Royale,
voire The running man. La bonne
blague ! Le thème du gladiateur qui défend sa peau dans l’arène est…
antique et n’appartient à personne.
L’intrigue
générale est donc classique. Ce qui fait la force du roman, outre l’intrigue
secondaire de type romance un peu cousue de fil blanc mais quand même assez
attendrissante, c’est la façon dont la partition est mise en musique.
Le roman est
écrit à la première personne. L’avantage, c’est qu’on s’identifie plus fort au
personnage principal. L’inconvénient, c’est qu’on n’a droit qu’à ses monologues
intérieurs à elle. Heureusement, qu’elles sont riches, ses pensées à notre
héroïne ! Elle nous fait part de ses sentiments très régulièrement, ce qui
l’humanise et la rend présente, vivante, réelle. Pas de fioriture de style ni
de digressions. On ne lira pas de métaphores flamboyantes ou autres effets de
style, ni de pensées profondes voire philosophiques. Non ! Efficacité,
sobriété, intensité, précision rythment le récit haletant sans temps mort ou
presque. Enfin, si, on s’attarde sur ses robes, car il faut mettre en avant sa
féminité qu’on pourrait oublier dans le feu de l’action sanglante. Il s’agit-là
de gommer le tempérament très masculin de notre héroïne : agressive,
énergique, violente même : un vrai petit homme… On s’appesantit aussi sur
les menus des repas : comme elle vient d’une région très pauvre où on
connait la faim, elle se préoccupe beaucoup de nourriture. Dès qu’elle peut,
elle se goinfre, de peur de manquer.
La psychologie
des personnages est très bien rendue. On ne sombre jamais dans la mièvrerie. On
déplorera juste un peu de manichéisme : il y a les bons, les méchants, et
les cons-cons moutons. Mais en fait c’est la faute du système. C’est lui qui
corrompt la bonne nature de l’être humain, n’est-ce pas…
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Bonne critique. En effet les 3 romans sont assez flippants, mais la psychologie des personnages les rendent attachants
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