vendredi 22 novembre 2013

Lordius gagne un concours de nouvelles


Il s’agit du concours de nouvelles baptisé « Écrire pour Châtel » 2013 organisé par la médiathèque de Châtelaillon-Plage cet été.

Le thème demandé était la conquête de l’Ouest.

Le premier paragraphe était imposé :

Saviez-vous que les arbres parlent ? Ils le font pourtant ! Ils se parlent entre eux et vous parleront si vous écoutez. L'ennui avec les Blancs, c'est qu'ils n'écoutent pas ! Ils n'ont jamais écouté les Indiens, aussi je suppose qu'ils n'écouteront pas non plus les autres voix de la nature.

Et enfin, le texte devait compter 1500 mots, à 10 % près. Curieusement, c’est cette troisième contrainte qui m’a donné le plus de mal.

Nous étions 54 participants.

J’ai écrit : Viandard !

lundi 11 novembre 2013

Critique : Bakuman (manga)


Nombre de volumes : 20
Scénariste : Tsugumi Ōba
Dessinateur : Takeshi Obata
Date de parution : 2008-2012 au Japon
Genre : Shônen et romance 

Mashiro possède un don pour le dessin. Il veut suivre la voie de son oncle qui fut mangaka. Takagi, le premier de la classe, écrit des scénarios. La passion du manga et l’ambition dévorante les rapprochent. Du haut de leurs 14 ans, ils décident de devenir des mangakas professionnels. Mieux, même ! De devenir les meilleurs. Et vite ! Avant 18 ans, parce que Mashiro a hâte de se marier. Or sa romantique dulcinée lui a interdit de l’approcher tant qu’il n’a pas percé. Alors, il est motivé à fond !

Ce manga, dont un anime a été tiré, a connu au Japon un immense succès, plus de quinze millions de copies vendues. Pourquoi ?

Pas grâce au dessin, à mon avis. J’ai calculé que le dessinateur a produit un tome tous les deux mois, soit cent planches par mois ! Même avec une armée d’assistants, le résultat ne peut être que médiocre, bâclé et stéréotypé.

L’intérêt vient de l’originalité du scénario. Un manga de type shônen s’adresse aux garçons, enfants et adolescents. Or Bakuman comporte aussi un thème romance apte à séduire les jeunes filles (manga de type shôjo).

On y trouve certains stéréotypes du genre nekketsu : jeunesse du héros, rêve idéaliste, pureté, exaltation extrême. Par contre, l’univers n’est pas l’habituel fantastique manichéen affublé de monstres à combattre. L’histoire se passe dans le Japon quotidien, sans violence ni action physique. Ainsi les jeunes lecteurs peuvent s’identifier à ces deux héros ou à leur fiancée respective.

Qui n’a pas rêvé de percer comme artiste ? Devenir dessinateur ou scénariste ? Mangaka, la classe ! Ce manga du manga permet de s’instruire en se divertissant. Même si l’histoire est fictive, elle nous éclaire sur le monde professionnel des mangakas. Elle propose surtout à partir du tome 2, des pistes de réflexion sur l’art de raconter une histoire et sur le ciblage d’un public.

En outre, il est naturel que le jeune lecteur identifie les deux héros aux deux auteurs. L’impression d’autobiographie renforce habilement la crédibilité de l’histoire qui en a souvent bien besoin... Mais quoi ! Il faut bien transcender la basse réalité, et Ōba y parvient à merveille.

À noter que Ōba est un pseudo : le scénariste cache habilement sa vraie identité, on ne sait même pas si c’est un homme ou une femme. Je dirais plutôt une femme. L’anonymat ne doit pas simplifier la promotion, mais bon…
 
 


 

vendredi 1 novembre 2013

Critique : Les souliers rouges de la duchesse, un roman de Jack-Alain Léger


Un homme se meurt du sida. Il écrit son témoignage et confie le manuscrit à son ami, un écrivain réputé qui est le narrateur. En quelques jours, les médias en font une vedette. Dans le ciel de Paris, les vautours mercantiles commencent à tourner.

Comme l’écrit à juste titre Wikipédia, « L’auteur dresse la caricature de la célébrité éphémère d’un écrivain atteint du sida : éditeurs peu scrupuleux, parents intéressés par l’héritage, amis qui font rapidement le deuil du disparu. »

Mais ce qui est passionnant dans Les souliers rouges de la duchesse, paru en 1992, c’est cette plongée dans l’univers de l’écriture et des grands éditeurs parisiens. Comme ils sont décrits sans concession, l’auteur les a drapés de pseudonymes. Muche me fait penser à Gallimuche, Gallimard, Antoine Gallimard qui a édité Jack-Alain Léger. Au passage, on apprend que dans les années 80, le service de presse d’un grand éditeur parisien envoyait aux médias pas moins de 400 exemplaires gratuits d’un roman à paraitre. Ça, c’est de l’investissement !

Jack-Alain Léger possède un style virtuose, tout en finesse. Pas d’effets, d’acrobaties ou de fioritures, mais l’art de rendre vivants une scène ou un personnage en quelques mots. La classe !

Le roman parait tellement réaliste, vivant, sincère qu’il donne l’impression qu’il s’agit de mémoires et non d’une fiction. Voilà l’art de l’écrivain : faire passer une fiction pour de la réalité. Léger atteint le sommet de l’émotion et de la sincérité quand il décrit et analyse l’émission littéraire de l’époque, Apostrophes. En tant qu’écrivain, il y a lui-même participé.

Le roman fourmille d’idées et de pistes de réflexion sur notre société qui le dégoûte pas mal. Exemple : la fiction est plus vraie que la réalité car ce que les médias nous présentent n’est pas la vraie vie, mais un spectacle, « une manipulation médiatique, une reconstitution télévisée peuplée d’éléments statistiques. Voilà notre monde ! Et ne nous reste plus à peu près que l’invention romanesque pour pouvoir rétablir un semblant de vérité ».

Je me souviens de l’interview d’un grand éditeur parisien dans le magazine Muze. Il mettait au défi de citer le nom d’un écrivain francophone contemporain qui allait rester. Eh bien, j’en connais au moins deux : Serge Brussolo en littérature de genre, et Jack-Alain Léger en littérature générale.