lundi 31 octobre 2011

Critique littéraire : Le joueur de Dostoïevski

E-Lu par Lordius sur Kindle 3 dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.
            Ebook du domaine public téléchargeable gratuitement sur :

Ce roman de Fédor Dostoïevski, écrivain russe connu surtout pour « Crime et châtiment » et « l’idiot » est paru en 1866. Contrastant par la taille sinon par le « poids » avec les deux pavés cités, le Joueur est un court roman qui se lit bien. Une qualité précieuse pour une œuvre du XIXème siècle, quand on songe à la lourdeur indigeste de « grands » auteurs comme Balzac, Flaubert Stendhal ou Marie Shelley (Frankenstein).
            Le roman possède deux thèmes principaux. L’addiction au jeu d’argent (la roulette), expérience de l’auteur. Mais aussi l’amour, l’amour romantique du XIXème siècle où les hommes tombaient facilement amoureux et ne semblaient pas dévorés outre mesure par le désir charnel. On peut regrouper ces deux thèmes : la passion, dévorante, dangereuse, destructrice.
            Au début, le narrateur ne souffre que d’une passion, mais qui le tourmente pas mal : il est très épris d’une jeune femme, qu’il semble pourtant peu connaître. L’amour est aveugle, dit-on et Dostoïevski l’illustre bien : la fille est inconstante, calculatrice, dissimulatrice et surtout folle. D’ailleurs ses nerfs lâchent, elle tombe malade.
            On se dit tant mieux pour le narrateur. Hélas ! Ne pouvant vivre sans obsession, il sombre dans la passion du jeu. Son besoin d’amour se métamorphose. Au diable le frustrant amour sentimental ! Fi de la mortifiante chasteté ! Il s’adonne aux joies du sexe avec une demi-mondaine qu’il entretient par ses gains au jeu.
            Dans la dernière partie, la plus sombre, le roman flirte avec le nihilisme. Le narrateur n’a que faire de l’argent qu’il gagne au jeu. Vite, il le dépense pour avoir une raison de jouer. Jouer pour rester libre (vivre sans travailler), jouer pour le frisson, le courage de « risquer sa vie ». Quand il ne joue pas, il s’ennuie. Quand il joue, il risque la prison pour dette. L’amour, l’argent ne l’intéressent plus. Reste le plaisir de gagner, de faire sauter la banque, de vaincre le hasard.


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samedi 29 octobre 2011

Lordius autopublie (et autopromeut) une nouvelle

En attendant le verdict des éditeurs concernant le manuscrit de mon second roman, je décide de faire profiter la communauté francophone de ma prose pour une bouchée de pain (enfin, le prix d’une baguette, quoi) :

Titre : Éthylisme
Sous-titre : Une aventure du professeur Pongus
Genre : Action & Aventure, avec un zeste de fantastique
Éditeur : KDP & Lordius
Format : livre numérique (ebook)
Prix : 0.99 €
Date de parution : octobre 2011


Voilà ce qui arrive quand on boit trop et qu'on décide d'aller sortir ses nanas de garde-à-vue... On se retrouve dehors avec un type louche sur les bras. Pire encore, on apprend que le père dudit gus bricole des trucs pas nets avec des animaux qui pensent (mais à quoi ?) ; au point qu'il a été mis au secret par le gouvernement et que des hommes en noir cherchent à le neutraliser. Dans quelle nasse sont-ils encore allés se fourrer ? Mais quand le vin est tiré, il faut le boire…

Disponible au format Kindle (sans DRM):



Et au format EPUB :

jeudi 27 octobre 2011

Les fables de Lordius : le conseil des ministres du roi Gringalus

            Un formidable coup de barre l’assaille. Impossible de garder les yeux ouverts. Le conseil des ministres est si rasoir… Assoupissement…
            Kharla lui apparaît en rêve. Kharla est sa guenon préférée. Enfin, non, son amour c’est Cilia. Mais elle l’a quittée. Avec une grimace, il se rappelle le texto qu’il lui a envoyé juste avant son remariage avec Kharla. Il était prêt à la reprendre. La bourde, ce texto ! Cilia n’a pas daigné répondre. Quant à Kharla… Quelle scène atroce elle lui a fait ! Il a la migraine rien que d’y penser…
            Kharla… Quelle magnifique femelle pour sa catégorie d’âge… Elle a encore le poil si luisant, sa fourrure de guenon chimpanzé est encore si soyeuse. Elle…
            — Vous m’écoutez, votre Majesté ?
            Gringalus ouvre les yeux. Un grand chimpanzé tiré à quatre épingles est assis en face de lui, entouré d’autres personnages. Ce Filou, il est brave singe mais ses discours sont si soporifiques…
            — Continuez votre exposé, Filou…
            — Je vous demandais quel était l’ordre du jour du conseil des ministres…
            Gringalus a convoqué un conseil impromptu en plein milieu des vacances d’été pourtant sacrées dans la Contrée Hexagonale. Il a pensé que les marchés financiers seraient rassurés que le gouvernement travaille à la réduction des déficits.
            — Il faut qu’on prépare une mesure sociale pour la rentrée. Augmenter les bourses étudiantes par exemple.
            — Mais, s’étonne le premier ministre, vous avez annoncé aux médias qu’on revenait de vacances pour travailler à la réduction de la dette…
            Gringalus soupire. Comme son puissant homologue Arnack Aubasmot, il a parfois l’impression d’être entouré de nigauds, ou plutôt de ministres honnêtes. C’est pire.
            — Déjà, il n’est pas question de réduire la dette. Il s’agit juste de diminuer un peu la vitesse de son accroissement de manière à retarder légèrement la faillite de la Contrée Hexagonale.
       — La faillite, Majesté ?                                           
            — Elle est inéluctable. D’autres territoires par le passé, sur d’autres continents en font fait la cruelle expérience. C’est à présent au tour de la Désunion des Républiques Bananées de goûter ce calice amer.
            — Taillons dans les dépenses inutiles ! s’écrie Filou en fusillant du regard à tour de rôle les ministres de la Guerre, de la Culture et des Sports.
            — À quoi bon ? Les dépenses sociales combinées à l’accroissement de la durée de vie du peuple chimpanzé sont hors de contrôle.
            — Le social est juste mais si on n’a plus les moyens, il faut se résoudre à…
            — Le peuple chimpanzé ne l’acceptera pas. L’utopie de la Contrée Providence l’obsède. Il croit que tout lui est dû. Nous n’avons pas d’autre choix que d’aller jusqu’à la banqueroute. Surtout si nous voulons nous faire réélire d’ici là…

À suivre.

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mercredi 26 octobre 2011

La grande aventure commence !

   Ça y est ! Je viens de publier ma première nouvelle sur Amazon Kindle Direct Publishing France !
   Oh, ce n'est pas la 1ère que j'écris, loin de là, mais c'est mon grand début dans l'autopublication, en attendant la réponse des éditeurs concernant mon manuscrit de roman actuellement entre leurs mains.
    Je ne peux pas encore vous donner le lien vers le petit bijou d'ebook (livre numérique) que je vous ai concocté car Amazon doit valider et mettre en ligne la bombe culturelle d'ici 2 ou 3 jours.
    Apprenez en exclusivité qu'il s'agit d'une histoire d'Action & Aventure (avec un zeste infime de fantastique) proposée pour une bouchée de pain.
    Je vais aussi la publier sur la plateforme Youscribe qui supporte le format EPUB, mais, comme disait Jésus, à chaque jour suffit sa peine !

lundi 24 octobre 2011

Roman marquant : Lolita de Nabokov

Paru en 1955, Lolita, de Vladimir Nabokov a connu le scandale, la censure puis un immense succès : plus de 50 millions d’exemplaires vendus en 50 ans (source). Sa notoriété est si forte qu’une Lolita désigne dans le langage courant une nymphette, une préadolescente délurée.

            Le sujet est d’une audace marquante : la pédophilie. La hardiesse sulfureuse a payé : le vent des critiques de moralité a attisé le brasier de la notoriété. Et pourtant, seuls des lecteurs primaires peuvent y voir un éloge de la pédophilie. Le narrateur et héros, Humbert Humbert, souffre de graves troubles psychiques. Avant de connaître (bibliquement) sa Lolita de 12 ans, il a été plusieurs fois interné : c’est un malade mental, déprimé et paranoïaque.

            Dans les années 50, le sujet est passé « à l’arrache ». Je suis persuadé qu’en 2011, il serait bloqué à la fois par le politiquement correct, père d’une pensée unique appauvrissante, et par la psychose de la pédophilie qui tourne parfois à la chasse aux sorcières.

            Un des thèmes du roman est l’ambivalence du double rôle de Humbert Humbert, à la fois père (adoptif) et amant (passionné). La tragédie devient touchante quand on s’aperçoit que sauf au début où elle se donne volontiers, Lolita n’éprouve pas d’amour pour son amant, elle ne fait que subir. D’autres femmes traversent la vie du narrateur, elles l’aiment sincèrement mais lui est obsédé par la « nymphescence », en pauvre malade qu’il est. Cette capacité à émouvoir est propre à l’œuvre d’art littéraire.

            Le style est flamboyant. Nabokov possède une richesse de vocabulaire époustouflante surtout quand on songe qu’il a écrit en anglais tandis que sa langue maternelle est le russe. De nos jours, son style apparaît si soutenu qu’il vire au précieux, mais peut-être faudrait-il dépoussiérer la traduction qui date d’un demi-siècle. Il y a quelques longueurs lors de digressions, inévitables dans une œuvre de 500 pages au format poche.

            Le récit ne manque pas d’humour corrosif. Le narrateur décrit au vitriol les personnages qu’il croise. Son œil est à la fois lucide et médisant. Voici comme il dépeint par exemple sa première femme :

« Bientôt, Humbert eut sur les bras une massive et bedonnante baba, avec une poitrine ballonnée, des jambes trop courtes et un cerveau quasi inexistant. »
Et lorsqu’il décrit le « corps » médical, avec lequel il n’est jamais tendre :
« Étranges créatures que ces infirmières fessues qui sont toujours si pressées et font si peu de choses. »

            Quel est le message ? La morale ? Nabokov répond : « (…) Lolita ne contient aucune leçon morale. À mes yeux, un roman n’existe que dans la mesure où il suscite en moi ce que j’appellerai crûment une volupté esthétique, à savoir un état d’esprit qui rejoint (…) d’autres états d’esprit dans lesquels l’art – c'est-à-dire la curiosité, la tendresse, la charité, l’extase – constitue la norme. De tels livres sont rares. Tous les autres ne sont que des fadaises de circonstance. » Fin de citation.


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jeudi 20 octobre 2011

R.L. Stine, le maître du roman populaire pour la jeunesse

       R.L. Stine est un romancier américain prolifique. Il écrit des romans d’horreur pour la jeunesse. En français, sa série-vedette est « chair de poule ».  

Ce qui me paraît intéressant chez Stine, c’est qu’il a défini l’archétype du roman populaire pour les jeunes. La trame de base est presque toujours la même, ce qui ne l’empêche pas, au contraire, de connaître un immense succès puisque la série « Goosebumps » alias « chair de poule » s’est vendue à plus de 350 millions d’exemplaires (source Wikipédia). 

            C’est l’histoire d’un adolescent ou d’une adolescente. La jeunesse du personnage principal permet au lecteur de s’identifier à lui ou à elle. Le héros a certes des parents mais ils ne sont pas envahissants : ils lui laissent une marge de manœuvre pour l’aventure. Le héros a un(e) ami(e) qui lui sert de confident. Mais attention ! Il ne peut pas trop compter sur son meilleur pote car il doit se débrouiller seul, il faut qu’il galère.

Ensuite, il y a un autre personnage très important, c’est le méchant. Il est du même âge que le héros et il lui en veut terriblement. Mais alors grave ! Le héros est naïf, il est tout amour au début. Alors il subit les pires avanies, il est brimé, humilié. C’est très grave car parfois son ennemi va jusqu’à mettre en danger la vie de sa proie. Mais notre héros est courageux et, le sentiment d’injustice augmentant, il décide de se venger. Parallèlement, des éléments de fantastique et d’horreur se greffent dans le monde réel, à la Stephen King.

Ce surnaturel, effrayant mais puissant, exacerbe le conflit entre le héros et le méchant, et permet souvent au héros de réussir enfin à se venger de son adversaire implacable. 

Voilà en gros la trame de fond des « chair de poule » et autres « peur bleue ». C’est la structure de base dont un romancier pour la jeunesse peut s’inspirer. Simple et efficace !

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mercredi 19 octobre 2011

Les fables de Lordius : épisode 4 - La fuite en avant

1er épisode.

                        Tim déglutit péniblement. Il sent des gouttes de sueur perler à son front poilu, comme dans les mangas.
            — On pourrait… financer le programme par des impôts futurs… après les élections.
            — Bravo Tim ! Je savais que vous seriez à la hauteur du foutage de bouche que nous allons orchestrer !
            Les chimpanzés emploient le mot bouche plutôt que gueule qui est extrêmement grossier et possède de forts relents animaliers, indignes du raffinement de leur civilisation.
            — Mais… reprend Tim avec hésitation, ce sera une fuite en avant. Plus on creuse, plus ce sera difficile de reboucher.
            Arnack Aubasmot soupire. Il esquisse une geste d’agacement et cligne des yeux.
            — Tim, dit-il sur un ton professoral, pourquoi le président des Territoires-Unis est-il élu pour quatre ans ?
            — Pour gouverner au mieux des intérêts des Territoires-Unis.
            — Vrai à 75 %...
            — …
            — 75 % du temps. C’est exact les trois premières années du mandat : elles sont consacrées aux Territoires-Unis. La quatrième, elle est pour le président ! N’a-t-il pas le droit de penser un peu à lui dans ce monde ingrat ? C’est l’année où il travaille à sa réélection. Alors, ce n’est plus le bien du peuple sa priorité : il pense d’abord à sa bouche ! D’ailleurs en fin de mandat, il ne travaille même plus, il va discourir aux quatre coins des Territoires et serrer des mains, pendant la campagne présidentielle.
            — Je comprends, monsieur le Président. On pourrait carrément proposer un plan ubuesque : la relance par la baisse d’impôt. Ainsi, votre successeur devra les relever à fond dans les trois premières années de son mandat et se rendra impopulaire. Si c’est vous qui êtes réélu (sait-on jamais ?) peu importe la popularité puisque le président ne peut pas exercer plus de deux mandats…
            — Ah, Tim, Tim… Vous êtes mon meilleur collaborateur, même si la barre n’est pas placée haut… Vous savez savonner une planche, encore mieux que vos congénères, les autres singes politiques qui pourtant sont versés dans cet art ! Ah ! Autre chose, Tim. Vous vous rendrez sur le Continent Sénior et vous assisterez à la réunion de crise quotidienne sur la dette de la Désunion des Républiques Bananées.
            — Quoi ? Ce genre de réunion où ils pondent un communiqué pour dire qu’ils vont agir… en programmant une nouvelle réunion ?
            — Précisément. Vous critiquerez la légèreté de leur gestion de la crise de la dette.
            — Mais, ils vont me rétorquer de balayer devant mon antre !
            — C’est le petit roi Gringalus qui m’a demandé ce service. Une manœuvre destinée à les unir contre un ennemi commun et détourner le mécontentement légitime de leurs populations. Nous devons les aider. L’aveugle peut-il laisser tomber le paralytique ?


 

mardi 18 octobre 2011

4ème de couverture version 2 : votre avis svp !

D’abord, merci à ceux qui m’ont donné leur avis sur la version  initiale de ma 4ème de couverture (c’est ce que le client potentiel lira comme description de l’ebook) de ma nouvelle.

Voici la version corrigée suite à vos avis éclairés :
 
            Deux ivrognes attaquent un commissariat en pleine nuit pour libérer leurs fiancées. Mais c’est Bertrand qu’ils délivrent des griffes d’agents secrets. Le père adoptif de Bertrand, le professeur Pongus, a été mis au secret. Il semble que ses travaux dérangent les autorités. Les expériences du professeur seraient sur le point d’amener certains animaux à la conscience.
            Bertrand et ses deux sauveurs en cavale vont tenter de retrouver le professeur. En quoi consistent exactement les secrètes expériences de Pongus ? Le professeur est-il un génie précurseur ou un apprenti-sorcier dément ? La raison d’État aura-t-elle raison de la petite équipe du professeur ? Quelle est cette mystérieuse substance que recherchent les militaires ?


Autre version :

Voilà ce qui arrive quand on boit trop et qu'on décide d'aller sortir ses nanas de la garde à vue... On se retrouve dehors avec un type louche sur les bras. Pire encore, on apprend que le père dudit gus bricole des trucs pas nets à propos d'animaux qui pensent (qui pensent !) - au point qu'il ait été mis au secret par le gouvernement et que des hommes en noir cherchent à le neutraliser. Dans quelle nasse sont-ils encore allés se fourrer ? Mais quand le vin est tiré, il faut le boire…

Laquelle préférez-vous ? Est-ce que ça donne envie de lire la nouvelle, au moins si on s’intéresse au genre ?

Titre : Éthylisme

Genre : Action & Aventure, avec un zeste de Fantastique

Illustration :





Merci les amis !

lundi 17 octobre 2011

Votre avis svp sur une 4ème de couverture.

Voilà, j’ai besoin de votre avis au sujet  d’une 4ème de couverture (c’est le texte d’accroche placé au dos des livres) pour une nouvelle (au sens fiction) format ebook que je m’apprête à autopublier sur le Kindle Direct Publishing.
Titre : Éthylisme
Genre : Action & Aventure, avec un zeste de Fantastique
Illustration :


4ème de couverture (c’est ce que le client potentiel lira comme description de l’ebook) :
       Deux ivrognes attaquent un commissariat en pleine nuit. Par hasard, ils délivrent un détenu des griffes d'agents du renseignement. Son père adoptif, le professeur Pongus a été mis au secret par les espions militaires. Les travaux clandestins de Pongus sont sur le point de faire évoluer l’humanité vers un nouvel âge.
      En quoi consistent les expériences secrètes de Pongus ? La raison d’État aura-t-elle raison de la petite équipe du professeur ? Quelle est cette mystérieuse substance que recherchent les militaires ?
Qu’en pensez-vous ? Est-ce que ça donne envie de lire la nouvelle, au moins si on s’intéresse au genre ?
Ce serait sympa de laisser un commentaire.
Mais plusieurs lecteurs m’on signalé un bug aléatoire avec l’enregistrement des commentaires. Alors je laisse aussi mon email :  matxer (at) hotmail.com

Merci les amis !

mercredi 12 octobre 2011

Chroniques de lecture - Auto-édition : Tremplin ou impasse ? de Paul Leroy-Beaulieu

Éditeur : NumerikLivres
Date parution : 15 juin 2011

Paul Leroy-Beaulieu est un professionnel de l’édition numérique, fondateur du site edicool.

À mi-chemin entre l’ouvrage pratique et l’essai, l’auteur examine les nouvelles opportunités d’édition qui s’offrent aux auteurs grâce à internet et à l’émergence du livre numérique. Il définit la notion d’auteur dans « le nouveau monde numérique », propose une réflexion sur l’ebook, critique vertement l’immobilisme des éditeurs classiques et surtout, brosse le panorama des diverses solutions actuelles en matière d’auto-édition.

Il analyse avec finesse les divers motifs qui poussent un auteur à s’auto-publier. La difficulté de trouver un éditeur classique n’est qu’une des raisons possibles.

Ses positions sont tranchées sans être toujours justifiées. Il prédit par exemple la mort du livre papier…
 

Venons-en au cœur de l’ouvrage. Voici les 4 pistes principales de l’auto-édition :

1. L’édition à compte d’auteur à l’ancienne. L’auteur paie tout : la conception du livre mais aussi la production des stocks. Il doit assurer tout seul la promotion. C’est la solution la plus risquée, mais aussi la plus payante en cas de succès : l’auteur récupère 100 % des bénéfices.

2. L’impression à la demande. L’auteur soumet son manuscrit à un site comme lulu.com ou Édilivre. Dans le cas de ce dernier, les services de base sont gratuits. L’auteur ne paie que les livres qu’il commande, avec une ristourne de 20 %, charge à lui de les revendre. Les éditeurs de ce secteur ne sont pas distribués en librairie, quoi qu’ils prétendent. C’est à l’auteur de faire sa promotion. Bon courage. Généralement, il ne vend qu’au cercle des proches.

3. Le crowdfunding ou édition participative. Prenons le cas du leader, MMC Books. L’auteur soumet son manuscrit à l’éditeur. Après un premier filtre, des extraits sont proposés aux lecteurs. Ils votent pour le meilleur manuscrit et investissent sur leur poulain. Lorsque 20 000 € (quand même !) sont réunis, soit 2 000 investissements de 10 €, un contrat est proposé à l’auteur avec un vrai éditeur réputé, XO Éditions. XO ne prend pas de risque et les 2 000 investisseurs se partagent 25 % du produit des ventes.

4. L’auto-édition sur une grande plateforme de référence : l’iBooks d’Apple ou le Kindle Direct Publising d’Amazon. Dans ce dernier cas, l’avantage considérable pour l’auteur est d’être référencé chez l’e-libraire le plus réputé de la planète. Un pas important est accompli quant à la promotion, le talon d’achille de l’auto-édition. C’est d’ailleurs la seule solution actuelle pour vendre massivement des ebooks sans être épaulé par un éditeur, en tout cas aux US. Et qui sait, demain en France aussi ?

E-lu sur Kindle 3 par Lordius dans le cadre du club des lecteurs numériques.


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Les fables de Lordius, épisode 1

mardi 11 octobre 2011

Les fables de Lordius - Épisode 3 : Les singes apeurés

1er épisode.

Après avoir reçu le secrétaire de la Guerre, le président convoque Tim, le secrétaire du Trésor.

            Tim s’apprête à pénétrer dans le bureau ovale sous le regard des deux gorilles qui gardent l’entrée. Ils sont impressionnants avec leur torse démesuré, gonflé par le pistolet qu’ils portent sous leur costume gris, le même uniforme que les chimpanzés politiques. Leurs petits yeux marron perçants scrutent Tim comme s’il allait se transformer en macaque barbu fanatique. Leur oreillette, les quelques mots qu’ils prononcent dans le vide, leur donnent un air autiste qui renforce leur allure menaçante.
            — Ah ! Tim ! fait le président Arnack Aubasmot, asseyez-vous, vite !
            Le président ponctue sa phrase de tics faciaux conséquents puis se gratte l’aisselle. Il grince des dents, le regard noir.
            — Tout va bien, monsieur le Président ? demande Tim d’un ton inquiet.
            — Non ! Votre collègue Léon vient de m’énerver !
            — Il vous a contredit ?
            — Pire ! Il m’a dit la vérité sur la guerre. Et pour réduire les dépenses militaires, figurez-vous qu’il a eu l’insolence de me conseiller de retirer toutes les troupes stationnées sur le Territoire de la Matinée Paisible, sous prétexte que son ennemi est bien trop pauvre pour le menacer. Mais ma parole ! Le bougre de chimpanzé s’imagine que je suis singe à prendre des décisions novatrices ! Et la paranoïa endémique de nos électeurs, y pense-t-il ? Les chimpanzés des Territoires-Unis ont PEUR de tout et de tous ! C’est pour ça qu’on attaque les autres Territoires ! Comme un chien qui mord parce qu’il est effrayé… Nous appelons cela la frappe préventive.
            Le président se passe la main sur son visage simiesque pour se calmer. Il respire à fond et reprend :
            — Tim, j’ai décidé d’un plan de relance de plusieurs centaines de millions de dollars bananiers.
            — Mais… Mais, notre dette est abyssale… Et l’agence de notation Maudits and Porcs vient de nous dégrader à double zéro avec perspective catastrophique !
            — Justement nous avons de la marge avant d’être dégradés à simple zéro. Il faut relancer l’emploi.
            — L’histoire a prouvé que les relances keynésiennes sont inopérantes, monsieur le Président.
            — Me prenez-vous pour mon prédécesseur ? Je ne suis pas un nigaud qui a perdu ses neurones dans sa jeunesse en abusant de l’alcool… Ce que veulent les électeurs, je le veux ! Si l’opposition ne vote pas la mesure, elle se met en porte-à-faux. Et si ça passe, ma popularité va remonter. De toute façon, elle ne peut plus descendre…
            — Comment financer ce déli… cette mesure ?
            — Dites donc, Tim ! C’est votre boulot ! Soyez créatif ! Singez donc les dirigeants du Continent Sénior. Ils s’y connaissent pour ruiner un Territoire discrètement !

lundi 10 octobre 2011

Actualité : l'Amazon Kindle débarque enfin en France

Allez, une fois n’est pas coutume, on va faire un commentaire sur l’actualité :
Le lecteur ebook Amazon Kindle arrive enfin en France. Fort d’un vif succès aux US et au UK, Amazon lance son offre de livres numériques en France.
Côté contenu, les principaux éditeurs français ont signé avec Amazon : Hachette Livre, Editis, Gallimard, La Martinière (Le Seuil), Flammarion et Albin Michel.
Le lecteur ebook Kindle 4 sera proposé au prix choc de 99 € alors que la concurrence se situe entre 150 et 200 €. Pour ce tarif, il n’y a pas de clavier. Mais d’après mon expérience du Kindle 3, le clavier est inutile et augmente la taille du terminal. La mémoire du Kindle 4 permet de stocker 1500 livres environ, ce qui est amplement suffisant. En lisant 3 livres par semaine, on peut tenir dix ans en isolement !

Le marché du livre numérique est embryonnaire en France. Son chiffre d’affaires 2010 a représenté 1.5 % du marché du livre. Pire, de nombreux consommateurs potentiels ne connaissent même pas le concept de la liseuse électronique. Un énorme travail d’évangélisation attend Amazon. Souvent, l’arrivée d’un nouvel entrant dynamise un marché amorphe, comme ce fut le cas en 1996 avec l’arrivée de Bouygues Télécom dans la téléphonie mobile française.

L’offre de lecteurs ebook existe pourtant, notamment Sony et la Fnac. Mais ces acteurs n’ont pas voulu investir dans la promotion de ce marché naissant. Sony est coutumier de ce genre d’erreur stratégique. La firme nippone propose d’excellents appareils électroniques qu’elle ne fait pas connaître en Europe. Exemple le plus marquant : la console de jeux portable PSP qui jouit d’un immense succès mérité au Japon mais n’a jamais décollé en Europe ni aux US faute d’investissements publicitaires adéquats.

Alors, souhaitons bonne chance à Amazon pour réussir à faire décoller le marché français. 99 EUR pourrait constituer l’électrochoc qui fera partir le cœur du secteur. Ensuite, les campagnes publicitaires seront le bouche-à-bouche indispensable à l’irrigation en oxygène alimentant la croissance…


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mercredi 5 octobre 2011

Critique littéraire : Pour en finir avec Dieu de Richard Dawkins

Publié en 2006, cet essai vibrant de 400 pages sur la religion, ou plutôt contre la religion, est l’œuvre d’un biologiste britannique de renommée mondiale, athée fanatique, si l’on me permet cet oxymoron.
Le ton tourne parfois au pamphlet et quelques passages sont inévitablement longs ou abscons. Néanmoins, l’érudition de l’auteur (plus de 200 ouvrages en référence) et la pertinence de nombre d’idées sont véritablement percutantes, pour celui qui n’est pas aveuglé par les dogmes religieux qui ont pu l’endoctriner durant son enfance.
Je vais juste mentionner l’idée centrale du livre qui explique pourquoi Dieu a, selon Dawkins, très peu de chances d’exister.
Certains créationnistes invoquent l’étonnante complexité et sophistication de certains organes ou composants animaux (yeux, ailes, système immunitaire, etc…) pour dire qu’il est impossible que de telles merveilles soient arrivées là par hasard. Ce ne peut donc être que l’œuvre de Dieu. Non, en effet, nous explique le biologiste Dawkins, spécialiste de la théorie de l’évolution, ce n’est pas dû à la chance. Ces organes merveilleux sont le fruit d’une très lente évolution basée sur la sélection naturelle (découverte par Darwin du XIXème siècle et amplement étayée par la science depuis). Ce n’est pas arrivé d’un coup mais très très progressivement avec beaucoup de ratés et fausses routes, ne laissant aucune place à la chance ni à une quelconque intervention surnaturelle.
Ensuite, Dawkins examine les facteurs qui permettent à une planète de développer la vie. Il faut un certain nombre de facteurs contraignants : de l’eau, être à bonne distance du soleil (pas trop prêt, pas trop loin), une grosse planète (Jupiter) dans les environs pour faire aspirateur à astéroïdes qui sinon dévasteraient notre planète, et d’autres conditions encore. Là, l’évolution ne peut rien. Alors disent les religieux, seul Dieu a pu créer tant de conditions favorables. Faux répond Dawkins. Il y a au moins un milliard de planètes dans notre galaxie. Et au moins un milliard de galaxies dans l’univers. Statistiquement, il y a donc une très forte probabilité que l’univers possède plusieurs planètes comme la nôtre, aptes à développer la vie, sans intervention surnaturelle.
Enfin, reste l’épineux problème de la création de l’univers, sur lequel nous manquons encore de données précises comme on peut s’en douter, le phénomène s’étant produit très loin d’ici il y a 13 milliards d’années.
Les physiciens se sont aperçus qu’il existe six nombres de la physique qui sont « réglés » juste à la bonne valeur pour qu’il puisse y avoir de la vie dans l’univers. Par exemple, une constante physique concernant la fusion nucléaire. Elle est 0.007 pour tout l’univers. Si elle était à 0.006 ou 0.008, il n’y aurait pas de vie.
Ah, ah ! jubilent les croyants, c’est impossible que ce soit arrivé par hasard. C’est forcément la main de Dieu.
Non, rétorque Dawkins pour deux raisons. D’abord si on imagine qu’il y a un être intelligent et très puissant qui a « titillé » les six boutons réglant les constantes physiques, alors cet être est très complexe. Répondre que c’est Dieu qui a lancé l’univers, ne simplifie pas le problème mais au contraire le rend encore plus complexe et improbable. Il est infiniment plus improbable qu’il y ait un super-créateur que simplement six constantes à la bonne valeur. Après tout, si on se dit par simplification excessive : « Dieu est, point ! » autant se dire « Les six constantes sont à la bonne valeur. »
D’autre part, la recherche récente en cosmologie et physique propose deux nouvelles théories intéressantes :
Selon la théorie de l’expansion-contraction, l’univers a une durée de vie de vingt milliards d’années. Il y a eu le big-bang, l’expansion. Vient ensuite la contraction de l’univers qui se termine par le big-crunch qui est l’opposé du big-bang. Ensuite un nouvel univers démarre. Selon cette théorie, un nombre quasi-infini d’univers peuvent se suivre dans le temps, en série. Selon la statistique (et le bon sens), la probabilité est forte que l’un de ces univers ait les six constantes à la bonne valeur. Ce serait le cas du nôtre.
L’autre théorie, c’est celle du multivers. Selon certains physiciens, il y aurait de très nombreux univers qui existeraient en parallèle. Là aussi la probabilité est forte que l’un d’eux possède les six bonnes valeurs. C’est le nôtre.
Bon, c’est un sujet très compliqué, et je ne suis pas sûr d’avoir bien expliqué mais vous voyez un peu le topo.
En conclusion, je conseille la lecture de cet ouvrage passionnant. Les agnostiques deviendront athées, les athées seront renforcés dans leurs convictions, et les croyants se poseront des questions légitimes. 

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lundi 3 octobre 2011

Les fables de Lordius - Épisode 2 : Le singe était trop malin


             — Au moins, nous avons éliminé l’ennemi public numéro un ! dit le secrétaire de la Guerre en bombant son torse de primate.
            — La belle affaire ! réplique Arnack Aubasmot en redoublant de tics faciaux simiesques. Le rusé macaque perfide nous a vaincus deux fois : en rasant nos buildings jumeaux et, pire, en nous faisant perdre des sommes faramineuses en lutte antiterroriste et guerres stériles. Quel ennemi des Territoires-Unis peut se vanter d’avoir creusé notre dette de plus de 5 000 milliards de dollars bananiers ? Une minuscule tribu de macaques fanatiques est parvenue à cet exploit ! Voilà l’héritage que je dois gérer ! Pouvez-vous imaginer que mon prédécesseur le Nigaud a quand même été réélu voici quelques années ?
            — Le peuple chimpanzé est lent à comprendre. Et les singes politiques sont élus pour leur capacité à caresser les électeurs dans le sens du poil, pas pour leur compétence à gouverner. Sauf vous, bien sûr, monsieur le Président…
            — Hum ! Il a autant de neurones qu’un singe hurleur !
            Léon fronce ses gris sourcils. Traiter ainsi un chimpanzé est une grave insulte, les singes hurleurs étant réputés comme les plus stupides du peuple singe qui contient pourtant beaucoup d’espèces considérées comme arriérées.
            — Quand je pense, reprend le président d’un ton courroucé, que j’ai dû me cogner sa tronche de Nigaud lors des cérémonies de commémoration des attentats macaques ! Damn ! Aucune singerie ne me sera épargnée… Bref ! Je compte sur vous pour liquider le second pot de pus au plus vite. Nom d’un canidé ! Dix ans que nous faisons la guerre à la Contrée des Montagnes Opiacées. Et pour quel résultat ? La plus puissante armée du monde et ses alliés sont tenus en échec par une poignée de ouistitis faméliques armés de Kalachnikovs à 20 dollars bananiers ! Mais je sais pourquoi, moi ! Comme on dit chez nous, no pain no gain : on n’a rien sans rien. On veut éviter les pertes en vies simiesques et du coup on se prive de victoire !
            — Je me permets d’avoir une opinion différente, monsieur le Président. Il s’agit d’une guerre de guérilla. Or, depuis la guerre du Territoire des Rizières Coriaces, on a appris à nos dépens qu’une armée conventionnelle ne peut PAS gagner une guérilla. Seule une solution politique peut nous sortir du bourbier montagneux.
            — Vous avez raison, Léon. C’est pour votre sagesse que je vous ai nommé. Depuis trop longtemps, les Territoires-Unis sont gouvernés par des primates ! Il faudrait que le peuple des Montagnes Opiacées prenne le relais de notre lutte, et assume lui-même son avenir. Qu’il s’approprie le bâton merdeux, nom d’un canidé !
            — Je crains que ce cela reste un vœu pieux. On disait la même chose du temps de la guerre des Rizières Coriaces, avec le résultat que l’on sait…
            — Hum ! J’aime la contradiction et le débat, Léon, mais n’en abusez pas ! Je commence à me demander d’ailleurs si vous n’êtes pas un singe trop malin pour ce poste…