Cette fable est une fiction. Les nombreuses ressemblances avec des humains et pays réels sont des coïncidences troublantes.
Léon presse le pas. Il est attendu par le président des Territoires-Unis en personne, le chef du plus puissant peuple singe du monde. Dans l’ascenseur, il se contemple dans la glace. Il voit un chimpanzé âgé, le poil gris mais les épaules larges et le ventre plutôt plat pour un représentant du peuple singe le plus vorace de la Terre. D’un geste précis, il rajuste sa cravate, accessoire obligatoire de l’uniforme des singes politiques, comprenant la chemise blanche et le costume gris foncé.
La glace lui renvoie son sourire satisfait, presque condescendant. Il vient tout juste d’être nommé secrétaire de la Guerre, l’apogée de sa longue carrière politique. Le président l’a récompensé pour l’assassinat du chef de la tribu des macaques qui avait perpétré un attentat sanglant et spectaculaire sur le sol des Territoires-Unis il y a dix ans.
Le cœur de Léon accélère en pénétrant dans le mythique bureau ovale du président Arnack Aubasmot. Celui-ci se lève pour l’accueillir avec un geste de bienvenue. Léon ne peut s’empêcher d’admirer la stature splendide du président, magnifiée par l’aura de sa prestance issue de l’habitude de commander aux singes. Le mâle dominant du premier peuple singe de la planète est grand, mince, le poil encore luisant, dans la force de son âge politique. Seule la couleur de la cravate différencie leurs uniformes politiciens. Le beau visage du président est tendu. Il est parcouru de grimaces simiesques trahissant une tension nerveuse.
— Asseyons-nous sur le divan, Léon. Je vais aller droit au but, mon agenda est plein comme un œuf de femelle gallinacé. Vous n’imaginez pas toutes les singeries que ma fonction implique ! Bref, j’ai besoin de réduire les dépenses militaires pour financer un plan de relance.
— Nos troupes finissent de se retirer du Territoire du Désert, monsieur le Président.
Les grimaces du président redoublent d’intensité. Il soupire et se gratte machinalement le torse à travers l’uniforme.
— Damn ! Ce conflit est le pire fiasco qu’ait connu notre empire depuis la guerre du Territoire des Rizières Coriaces. Je me suis empressé de liquider le pot de pus hérité de mon prédécesseur. Quel primate celui-là ! Il a osé déclarer que c’est Dieu qui lui avait ordonné d’attaquer le Territoire du Désert… Dommage qu’Il ne lui ait révélé dans la foulée que les armes de destruction massive étaient le fruit de l’imagination paranoïaque de nos barbouzes incompétentes !
— Nous sommes un peuple chimpanzé agressif, monsieur le Président. C’est notre instinct presque animal qui nous pousse à guerroyer. À condition que ce soit hors de notre territoire, bien sûr.
— Mais le coût, Léon, le coût ! Tant pis pour le prestige. Mais la facture est colossale. Des milliers de milliards de dollars bananiers partis en fumée !
Le dollar bananier est l’unité monétaire des Territoires-Unis. Il correspond au prix d’une banane, en monnaie de singe. D’autres régions du monde utilisent une monnaie équivalente, comme l’euro bananier qui a cours sur le Continent Sénior. Les pays qui ont adopté l’euro bananier sont regroupés au sein de la Désunion des Républiques Bananées. À ne pas confondre avec les Républiques Bananières, plus au sud.
J'aime bien les parodies et j'attends la suite de cette "Nouvelle Planète des Singes"....
RépondreSupprimerMerci, c'est la planète des singes politiques :-)
RépondreSupprimerJ'aime bien "Arnack Aubasmot" !
RépondreSupprimerBeaucoup l'aimaient, au début :-)
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