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mardi 16 avril 2013

J.-H. Rosny aîné et la préhistoire


L’excellent site J.-H. Rosny présente une abondante et savante bibliographie de Rosny Aîné (ainsi que de son petit frère) richement documentée.

Loin d’avoir tout lu de cet écrivain prolifique, j’ai été particulièrement époustouflé par ses trois romans préhistoriques, La guerre du feu, Le Félin Géant et Helgvor du Fleuve Bleu. Le style déjà frappe : coloré, poétique, magnifique. Sur le fond surtout, Rosny Aîné a étudié la préhistoire pendant dix ans avant de devenir un précurseur du genre roman préhistorique, le roman des âges farouches comme il le désignait si joliment. Ce qui me stupéfie, c’est sa vision si juste de la préhistoire, dès le début du XXe siècle. Il met en scène guerres et cannibalisme avec un réalisme saisissant.

Depuis, un certain nombre de préhistoriens ont remis en cause le passé violent de la préhistoire, cédant aux sirènes du mythe du bon sauvage, à des tabous, blocages mentaux et autres billevesées, refusant de reconnaitre la violence inhérente à l’Homme ou plutôt à l’homme. Heureusement, des préhistoriens courageux, un Américain d’un côté (La guerre à la préhistoire, 2008) et deux Français, de l’autre, par des méthodes différentes, ont récemment rétabli la vérité, cette vérité que Rosny Aîné avait instinctivement saisie.

Il est d’ailleurs stupéfiant de constater à quel point un siècle de paléontologie a si peu fait avancer nos connaissances de la préhistoire. En fait, si on y réfléchit, ce n’est pas si étonnant car les paléontologues n’ont à leur disposition que des éclats de pierre et des bouts d’os trouvés dans les poubelles et les tombes de l’époque. Quand on voit les difficultés extrêmes, malgré les millions d’euros dépensés, à interpréter correctement la vie et la mort (d’une flèche, à la guerre, encore) d’Hibernatus, une momie pourtant très bien conservée, on comprend qu’ils pataugent pour des périodes plus anciennes.

Suite à la lecture de La guerre à la préhistoire, j’ai décidé d’écrire en 2012 un roman préhistorique réaliste mettant en scène guerre et chamanisme (les deux n’étant pas corrélés). J’ai consulté un certain nombre d’ouvrages sur le sujet. On peut les classer en trois catégories :

·         Les ouvrages « classiques » de préhistoire par des paléontologues. Écrits dans un jargon grotesquement abscons (sauf les livres pour la jeunesse), à quelques exceptions près, ils apportent hélas très peu de connaissances sur la préhistoire. Je me souviens d’un dictionnaire de la préhistoire emprunté à la bibliothèque : des années après sa parution, il sentait encore le neuf. Le grand public le fuyait, à juste titre.

·         Les ouvrages « pratiques ». Ils décrivent la reconstitution des techniques de l’époque par des passionnés : fabrication d’un arc, tannage, etc. Là, on commence déjà mieux à percevoir la vie quotidienne de cette époque lointaine.

·         Enfin, de loin le plus intéressant et le mieux documenté, les récits et études ethnologiques nous décrivent la préhistoire vivante. Les peuples primitifs, appelés aussi premiers, aborigènes ou poétiquement peuples de la nature, particulièrement les chasseurs-cueilleurs (du XIXe siècle et de la première moitié du XXe) nous montrent quelle fut la vie de nos lointains ancêtres. Il est d’ailleurs prodigieux de constater la similarité des coutumes de ces peuples à travers les époques et malgré des environnements géographiques complètement différents.

À propos, le site J.-H. Rosny m’a fait l’honneur de publier mon pastiche, Scène de chasse préhistorique.
 



 
 

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mercredi 6 février 2013

Géronimo, le dernier chef apache, par Leigh Sauerwein (biographie)


Titre : Géronimo
Sous-titre : Le dernier chef apache
Auteur : Leigh Sauerwein
Genre : Biographie un peu romancée
Cible éditoriale : Tout public 

Beaucoup de mystères auréolent cet homme extraordinaire devenu une légende de son vivant. Dans sa jeunesse, les Apaches vivaient en Arizona dans les montagnes aux confins du Mexique et des États-Unis. Ils avaient été chassés des meilleures terres par les Mexicains et s’en accommodaient par des compensations. Ils organisaient des raids économiques pour voler un peu de bétail aux Mexicains, préférant souvent la fuite à la violence quand ils étaient découverts.

En 1858, les militaires mexicains exterminent sa famille. Il devient « Celui qui a tout perdu » : sa femme, ses trois enfants en bas âge et sa mère sont massacrés. Alors les raids de vol se transforment en expéditions punitives. Les Apaches massacrent les Mexicains au cours d’une bataille, ils vengent les leurs. Le jeune homme devient Géronimo, le chef de guerre. Les Apaches sont satisfaits. Pas Géronimo, qui multiplie les raids guerriers, animé par sa haine des Mexicains et sa soif de vengeance inextinguible jusqu’à la fin de sa vie.

Les Apaches étaient un peuple guerrier car ils menaient contre les Mexicains une guerre ancestrale, depuis la colonisation espagnole. D’autres grands chefs apaches ont comme Géronimo tracé leur sillon sanglant en territoire mexicain : Juh, Nana et Victorio.

Quelques années plus tard, les Américains s’en prennent aux Apaches, grignotant leur territoire. Ces Blancs sont des ennemis plus coriaces. Les Apaches qui ne sont qu’une poignée, se retrouvent submergés par le nombre : plus ils en tuent, plus d’autres arrivent, bien nourris, bien armés.

Les tribus apaches, sous la houlette de grands chefs, déploient des trésors de résistance. Mangus Colorado, le géant juste. Cochise, le sage dont un simple regard pouvait faire taire le guerrier indien le plus féroce. Et leur successeur, le dernier chef Apache, Géronimo.

Peuple de montagne, ils marchent 14 heures par jour dans la rocaille, 70 kms. Ils incarnent la quintessence de la guérilla : ils frappent par surprise et disparaissent. Les meilleurs cavaliers américains n’arrivent pas à les rattraper, même quand les Apaches sont à pied.

Géronimo entraine lui-même les jeunes à devenir des guerriers endurcis, les faisant repousser sans relâche les limites de la douleur, de l’endurance et de la frugalité. Ils sont les insaisissables guerriers ultimes, à la fin 18 seulement contre 5000 tuniques bleues, sans compter les Mexicains à leurs trousses !

Le général Crook, chargé de les défaire, utilise leurs méthodes. Il s’entoure d’éclaireurs apaches pour les pister. Il les pourchasse avec des commandos mobiles et bien approvisionnés (contrairement aux Apaches démunis). Il combine les atouts de la civilisation et les tactiques de ses ennemis. Courageux, il prend tous les risques, à la façon des Apaches.

Géronimo est insaisissable. Partout où il passe, il exécute les témoins, y compris femmes et enfants, afin de ne pas être repéré. Il applique la seule morale valable à la guerre : faire ce qu’il faut pour survivre.

Après plusieurs redditions suivies d’évasions, l’épopée sanglante prend fin. Les femmes, les enfants et même les guerriers apaches sont fatigués de fuir à travers les montagnes de la Sierra Madre. Ils décident de se rendre. Géronimo s’incline, il suit la décision de son peuple, même s’il préfèrerait continuer la lutte. Car l’homme a deux passions dans sa vie : la haine des Mexicains et l’amour de la liberté.

Après s’être couvert de gloire au cours de maints combats dont il est sorti indemne (8 blessures tout de même, dont il a mis plusieurs mois à se remettre pour certaines) pendant 30 ans, comme s’il était invincible, comme s’il avait le pouvoir magique que lui prêtent ses frères apaches, Géronimo, le guerrier ultime mourra en captivité, déporté dans l’Oklahoma à 80 ans. Sa vie fut plus invraisemblable qu’une fiction, étonnante illustration du fait qu’il n’y a pas besoin d’espérer pour combattre.



 
 

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mardi 4 septembre 2012

Critique de : Un voyage chez les Aïnous


Titre : Un voyage chez les Aïnous
Sous-titre : Hokkaïdo - 1938
Auteurs : Arlette et André Leroi-Gourhan
Date de parution : 1988
      Genre : essai d’ethnologie / anthropologie
 
Les Aïnous sont les premiers habitants du Nord du Japon, arrivés à la préhistoire bien avant les peuples mongoloïdes. On ne sait pas exactement d’où ils viennent. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne ressemblent pas aux Japonais. Ils sont de type caucasien : peau pâle, yeux non bridés, système pileux très développé.

Quand le couple d’anthropologues belges Leroi-Gourhan va les étudier en 1938 sur la grande île Hokkaïdo, ils mènent encore la vie de leurs ancêtres, même s’ils importent quelques produits japonais comme le saké, les pointes de flèche en métal ou pour les plus riches, le fusil.

Sur Hokkaïdo, gibier et poisson abondent. L’hiver se fait particulièrement rigoureux, l’océan allant jusqu’à glacer près des côtes. Les sédentaires Aïnous sont regroupés en villages de huttes construites en paille, roseau et bois. Ils ne cultivent pas la terre.

Comme tous les peuples aborigènes, ils opèrent une nette division du travail entre sexes. Les femmes pratiquent la cueillette, s’occupent des enfants et tissent. Les hommes chassent, pêchent et travaillent le bois qui est leur matériau de base pour tous les objets. Suivant la saison, ils chassent l’ours à l’arc avec des flèches empoisonnées à l’aconit, le cerf, pêchent le saumon, le phoque, et jusqu’au XIXe siècle, ils pêchaient même la baleine au harpon sur de frêles barques en bois.

Ils pratiquent la religion animiste (qui est encore de nos jours la quatrième au monde). Ils croient que toutes les manifestations de la nature sont animées par un esprit. Ça leur fait beaucoup d’esprits à honorer et surtout à ne pas fâcher. Comme tous ceux qui croient en l’au-delà, ils sont superstitieux, souffrent des contraintes imposées par les rites et se consolent en espérant la vie après la mort. Il n’y a ni prêtre ni chaman, aucun guide spirituel, car la spiritualité est suffisamment forte en eux.

Ils pratiquent (de moins en moins) la fête de l’ours. Quand ils chassent les ours adultes, ils ramènent au village le bébé. Il est alors élevé dans une famille, allaité par la mère comme le bébé humain ! Quand il devient trop fort, on le met en cage. Puis on organise une grande fête qui dure trois jours, pendant laquelle on invite les parents d’autres villages, on boit force saké, on met l’ours à mort au cours d’une cérémonie religieuse et on le mange.

Le livre est bien écrit, sans longueurs ni jargon abscons (contrairement à beaucoup de livres sur la préhistoire) et remarquablement illustré par des photos et des dessins. On déplore juste quelques sujets non traités, comme la régulation des crimes.

Les Japonais ont essayé d’introduire chez les Aïnous l’agriculture, et plus généralement le mode de vie civilisé. Mais les Aïnous préféraient rester libres et pauvres, plutôt que d’obtenir le confort au prix des contraintes aliénantes de la civilisation.


Famille Aïnou, 1904
Chasse à l'ours

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