mardi 4 septembre 2012

Critique de : Un voyage chez les Aïnous


Titre : Un voyage chez les Aïnous
Sous-titre : Hokkaïdo - 1938
Auteurs : Arlette et André Leroi-Gourhan
Date de parution : 1988
      Genre : essai d’ethnologie / anthropologie
 
Les Aïnous sont les premiers habitants du Nord du Japon, arrivés à la préhistoire bien avant les peuples mongoloïdes. On ne sait pas exactement d’où ils viennent. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne ressemblent pas aux Japonais. Ils sont de type caucasien : peau pâle, yeux non bridés, système pileux très développé.

Quand le couple d’anthropologues belges Leroi-Gourhan va les étudier en 1938 sur la grande île Hokkaïdo, ils mènent encore la vie de leurs ancêtres, même s’ils importent quelques produits japonais comme le saké, les pointes de flèche en métal ou pour les plus riches, le fusil.

Sur Hokkaïdo, gibier et poisson abondent. L’hiver se fait particulièrement rigoureux, l’océan allant jusqu’à glacer près des côtes. Les sédentaires Aïnous sont regroupés en villages de huttes construites en paille, roseau et bois. Ils ne cultivent pas la terre.

Comme tous les peuples aborigènes, ils opèrent une nette division du travail entre sexes. Les femmes pratiquent la cueillette, s’occupent des enfants et tissent. Les hommes chassent, pêchent et travaillent le bois qui est leur matériau de base pour tous les objets. Suivant la saison, ils chassent l’ours à l’arc avec des flèches empoisonnées à l’aconit, le cerf, pêchent le saumon, le phoque, et jusqu’au XIXe siècle, ils pêchaient même la baleine au harpon sur de frêles barques en bois.

Ils pratiquent la religion animiste (qui est encore de nos jours la quatrième au monde). Ils croient que toutes les manifestations de la nature sont animées par un esprit. Ça leur fait beaucoup d’esprits à honorer et surtout à ne pas fâcher. Comme tous ceux qui croient en l’au-delà, ils sont superstitieux, souffrent des contraintes imposées par les rites et se consolent en espérant la vie après la mort. Il n’y a ni prêtre ni chaman, aucun guide spirituel, car la spiritualité est suffisamment forte en eux.

Ils pratiquent (de moins en moins) la fête de l’ours. Quand ils chassent les ours adultes, ils ramènent au village le bébé. Il est alors élevé dans une famille, allaité par la mère comme le bébé humain ! Quand il devient trop fort, on le met en cage. Puis on organise une grande fête qui dure trois jours, pendant laquelle on invite les parents d’autres villages, on boit force saké, on met l’ours à mort au cours d’une cérémonie religieuse et on le mange.

Le livre est bien écrit, sans longueurs ni jargon abscons (contrairement à beaucoup de livres sur la préhistoire) et remarquablement illustré par des photos et des dessins. On déplore juste quelques sujets non traités, comme la régulation des crimes.

Les Japonais ont essayé d’introduire chez les Aïnous l’agriculture, et plus généralement le mode de vie civilisé. Mais les Aïnous préféraient rester libres et pauvres, plutôt que d’obtenir le confort au prix des contraintes aliénantes de la civilisation.


Famille Aïnou, 1904
Chasse à l'ours

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