Titre : Un
voyage chez les Aïnous
Sous-titre :
Hokkaïdo - 1938
Auteurs :
Arlette et André Leroi-Gourhan
Date de
parution : 1988
Genre : essai
d’ethnologie / anthropologie
Les Aïnous
sont les premiers habitants du Nord du Japon, arrivés à la préhistoire bien
avant les peuples mongoloïdes. On ne sait pas exactement d’où ils viennent. Ce
qui est sûr, c’est qu’ils ne ressemblent pas aux Japonais. Ils sont de type
caucasien : peau pâle, yeux non bridés, système pileux très développé.
Quand le
couple d’anthropologues belges Leroi-Gourhan va les étudier en 1938 sur la
grande île Hokkaïdo, ils mènent encore la vie de leurs ancêtres, même s’ils
importent quelques produits japonais comme le saké, les pointes de flèche en
métal ou pour les plus riches, le fusil.
Sur Hokkaïdo,
gibier et poisson abondent. L’hiver se fait particulièrement rigoureux, l’océan
allant jusqu’à glacer près des côtes. Les sédentaires Aïnous sont regroupés en
villages de huttes construites en paille, roseau et bois. Ils ne cultivent pas
la terre.
Comme tous les
peuples aborigènes, ils opèrent une nette division du travail entre sexes. Les
femmes pratiquent la cueillette, s’occupent des enfants et tissent. Les hommes
chassent, pêchent et travaillent le bois qui est leur matériau de base pour
tous les objets. Suivant la saison, ils chassent l’ours à l’arc avec des
flèches empoisonnées à l’aconit, le cerf, pêchent le saumon, le phoque, et
jusqu’au XIXe siècle, ils pêchaient même la baleine au harpon sur de frêles
barques en bois.
Ils pratiquent
la religion animiste (qui est encore de nos jours la quatrième au monde). Ils
croient que toutes les manifestations de la nature sont animées par un esprit.
Ça leur fait beaucoup d’esprits à honorer et surtout à ne pas fâcher. Comme
tous ceux qui croient en l’au-delà, ils sont superstitieux, souffrent des
contraintes imposées par les rites et se consolent en espérant la vie après la
mort. Il n’y a ni prêtre ni chaman, aucun guide spirituel, car la spiritualité
est suffisamment forte en eux.
Ils pratiquent
(de moins en moins) la fête de l’ours. Quand ils chassent les ours adultes, ils
ramènent au village le bébé. Il est alors élevé dans une famille, allaité par
la mère comme le bébé humain ! Quand il devient trop fort, on le met en
cage. Puis on organise une grande fête qui dure trois jours, pendant laquelle
on invite les parents d’autres villages, on boit force saké, on met l’ours à
mort au cours d’une cérémonie religieuse et on le mange.
Le livre est
bien écrit, sans longueurs ni jargon abscons (contrairement à beaucoup de
livres sur la préhistoire) et remarquablement illustré par des photos et des
dessins. On déplore
juste quelques sujets non traités, comme la régulation des crimes.
Les Japonais
ont essayé d’introduire chez les Aïnous l’agriculture, et plus généralement le
mode de vie civilisé. Mais les Aïnous préféraient rester libres et pauvres,
plutôt que d’obtenir le confort au prix des contraintes aliénantes de la
civilisation.
Famille Aïnou, 1904
Chasse à l'ours
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