Osamu avait
huit ans quand sa mère mourut dans les bombardements au Japon, en 1943. Depuis,
sa mamie s’occupait de lui. Un an après, son père était revenu du front, en
permission. Osamu rayonnait de joie ! Il croyait que son papa resterait
toujours. Quand celui-ci avait annoncé qu’il devait repartir, Osamu avait
beaucoup pleuré. À l’école, l’instructeur militaire avait expliqué qu’il
fallait combattre l’ennemi américain de toutes ses forces. C’est ce qu’Osamu
avait fait. Il avait perdu toutes ses forces quand sa maman était morte.
Maintenant, il n’en avait plus, des forces, pour laisser mourir son papa. Osamu
avait décidé que celui-ci ne retournerait pas à la guerre. Il aimait le Japon,
il était patriote comme disait
l’instructeur, mais il aimait son père encore plus.
En ces temps
troublés, on ne pouvait pas circuler au Japon sans papiers. Osamu était très
malin : il vola les papiers de son papa, laissa à la place un petit mot
pour le rassurer, et s’enfuit dans la grande forêt. Il ne reviendrait au
village qu’à la fin de la guerre. Il craignait de vivre seul dans la forêt,
mais l’idée de perdre son papa l’effrayait encore plus.
Les villageois
le cherchèrent. En vain : il s’était dissimulé dans les hauteurs d’un
grand arbre.
Il avait peur,
la nuit surtout. Il faillit rentrer au village après avoir enterré les papiers sanguinaires,
quand il se lia d’amitié avec un autre habitant de la forêt : une ourse
brune qu’il avait délivrée d’un piège mis en place par des chasseurs. Souvent,
il jouait avec elle. Il avait même réussi à force de patience, comme seuls les
enfants en sont capables, à lui faire comprendre une trentaine de mots, car les
ours sont très intelligents. Quand la nuit était froide, il dormait même lové
dans la fourrure de l’animal.
Osamu
connaissait les plantes comestibles de la forêt, comme tous les villageois, et,
à sa surprise, mangeait mieux en forêt qu’à la maison où de terribles
rationnements sévissaient. Il avait toute la journée pour cueillir, alors qu’au
village il fallait aller à l’école et suivre les cours d’instruction militaire
si ennuyeux.
Un jour, grâce
à son odorat aiguisé, l’ourse l’informa de l’arrivée d’intrus sur leur
territoire. Ils suivirent la piste et se hâtèrent en entendant des cris :
deux soldats étaient en train de rouer de coups un civil.
Le cœur
tremblant, Osamu reconnut son père. Il n’eut qu’un mot à dire, et l’ourse se
jeta par surprise sur les deux soldats. Elle les tua, car il le fallait.
— N’aie pas
peur, papa ! cria Osamu. L’ourse est mon amie.
— Osamu, que…
que fais-tu là ?
Le garçon
ressentait tant de bonheur de revoir son papa ! Il se jeta dans ses bras.
L’ourse les regardait comme si elle comprenait leur bonheur.
— Tu es venu à
ma recherche ? demanda Osamu.
— Non, j’ai
déserté. Je me cachais dans la forêt quand ces deux soldats m’ont rattrapé.
Osamu lui
raconta sa fugue et lui rendit ses papiers. Son père déclara :
— Nous
resterons tous les deux dans la grande forêt tant que la guerre durera.
— Tous les
trois, corrigea l’enfant.
C’est ainsi
que naquit la légende d’Osamu, le Maître des Ours appelé aussi l’Enfant Roi de
la Forêt, un héros mythique très connu au Japon et même en Chine.
En hommage à l’enfant que fut Osamu Tezuka.
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