mercredi 25 juillet 2012

Critique de Kick-Ass (bande dessinée)


Sous-titre : Le premier vrai super-héros
Scénario : Mark Millar
Dessinateur : John Romita, Jr
Éditeur : Panini Comics
Date de parution : 2010 pour la version originale en anglais
Genre : bande dessinée de super-héros pour adultes
 
Les comics américains classiques de super-héros sont très codifiés afin d’être lisibles par la jeunesse : pas de sang explicite, peu de morts, pas de langage ordurier ni de référence trop explicite à la drogue, etc. Les auteurs de Kick-Ass sont des habitués de ces comics tout public aseptisés : Spider-Man, Wofverine, Thor, Les quatre fantastiques, etc.

Cette fois, ils ont décidé de renouveler le genre : humour déjanté, violence extrême, trash, langage crû, etc. Le résultat est détonant.

C’est l’histoire d’un ado qui veut devenir un super-héros comme d’autres rêvent d’être une rock-star. Hélas, il n’a aucun super-pouvoir. Qu’à cela ne tienne, il enfile une combinaison de plongée, s’arme de deux matraques et part jouer les redresseurs de torts. La première fois, ça tourne très mal. Il se fait tabasser, frôle la mort et passe six mois à l’hosto puis à béquilles. Il jure qu’on ne l’y reprendra plus. Cependant, à son âge idéaliste, on est prêt à risquer sa vie pour des idées. Alors c’est reparti ! Cette fois, il dérouille grave, mais une qualité le sauve : sa pugnacité qui compense son physique de gringalet. Ses adversaires s’enfuient. Il est filmé par un passant et devient une star de Youtube puis des réseaux sociaux.

Il commence à avoir du succès auprès de la plus jolie fille de la classe qui le snobait, car il prend de l’assurance. Le souci c’est qu’elle le prend pour un homo… C’est ça la force de cette bande dessinée : les conventions sont piétinées, les rebondissements délirants. C’est presque un pastiche.

Dessin séduisant, humour fameux, histoire prenante : un cocktail très réussi, dans un genre où généralement le mièvre côtoie le pire.

Kick-Ass, ça veut dire botter le cul, casser la figure ou bien accomplir quelque chose d’extraordinaire. C’est ça.

Pour lecteurs assez avertis (16 ans).



 

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Sin City par Frank Miller : LE comics de super anti-héros.

vendredi 20 juillet 2012

Scène de chasse préhistorique


Son estomac se révulse à l’idée de consommer encore et toujours d’insipides végétaux qui sustentent mais ne délectent pas. Son ventre réclame la chair qui apaise, le sang qui fortifie, la graisse animale qui rassasie.

Comme par provocation, une biche apparaît dans les frondaisons. Guère habitué à craindre l’homme, le bel animal s’arrête et observe l’humaine avec curiosité. Son doux regard tendre et lumineux, ses gracieuses et malicieuses oreilles, loin d’attendrir la femme, lui déclenchent plutôt un appétit féroce… Alors, prise d’une impulsion subite et irrépressible, Alba se saisit d’une longue branche de chêne dont elle fabrique prestement une sagaie à l’aide du biface que Fatalis lui a laissé. Elle durcit sommairement la pointe au feu. Vite, la sagaie dans une main et le couteau dans l’autre, elle se lance sur les traces de la trop curieuse femelle cervidé. Sans peine, après une brève course, la chasseresse improvisée mais expérimentée rejoint sa proie. Celle-ci se retourne et lui lance un regard surpris et abrité de ses cils graciles. Mais ce n’est plus le cœur qui commande le corps d’Alba, c’est le ventre !

Sans hésiter mais avec fébrilité, elle lance sa sagaie de toutes ses forces. La pointe pénètre dans l’épaule de l’animal. La chasseresse a visé juste : l’épaule permet d’atteindre les organes vitaux, le cœur et les poumons. Pourtant l’animal s’enfuit dans les fourrés avec un cri de souffrance. Soit le jet a manqué de puissance, soit la sagaie confectionnée en grande hâte avait une piètre pointe. Alba course sa proie.

Alors, devant elle, surgit un cerf adulte. Ayant croisé sa femelle peureuse, boiteuse, hurlante et sanguinolente, il est en grande fureur homicide… Il charge, tentant d’éventrer de sa ramure majestueuse et périlleuse l’intruse. Cependant la bête verticale est agile. Elle plonge derrière l’abri éphémère d’un tronc salutaire. Le couteau de silex entre les dents, elle grimpe prestement à l’arbre. Le cerf brame, se cabre, frappe le sol du sabot tel un taureau farouche et terrible. Il quitte la femme des yeux un instant pour tenter d’apercevoir sa femelle endolorie. Aussitôt, mue par un instinct ancestral qui lui inspire que la meilleure défense réside dans l’attaque, Alba se jette à califourchon sur la croupe du cerf. Du bras gauche, elle se cramponne à l’encolure du grand mâle mêlé de surprise et de fureur atroce, et du bras droit elle lui poignarde la gorge à plusieurs reprises. Elle frappe et frappe encore en hurlant sa tension, son triomphe, son soulagement tandis que le liquide rouge de la vie s’enfuit du grand cerf vaincu.
 

En hommage au plus grand romancier sur la préhistoire, J.H Rosny aîné (1856-1940), l’auteur de La Guerre du feu.



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La mangaka française, une nouvelle signée Lordius

La légende est en marche, un portrait de l’homme le plus célèbre de l’humanité, signé Lordius

lundi 16 juillet 2012

Lancement de la saison 2 des politisinges !


Les Éditions de l’Abat-Jour viennent de lancer en exclusivité la publication de la saison 2 du fameux feuilleton de politique-science-fiction de Lordius :
 
 
Le lecteur peut démarrer directement la saison 2 sans avoir lu au préalable la saison 1.
 
Au début de ce psychodrame comique, les trois personnages principaux sont :

·         Gringalus Ier, roi déchu de la Contrée Hexagonale

·         Flambé, alias Monsieur Médiocre, son successeur

·         Mekelange, la plus puissante guenon du Territoire des Deutsch.

Attention aux âmes sensibles : le politiquement correct n’est pas de mise dans ce récit. Par rapport à la saison 1 d’échauffement, cette saison 2 est encore plus acerbe, cynique, sarcastique, vitriolique, parodique, etc.





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jeudi 5 juillet 2012

Critique de : La morale anarchiste par Kropotkine


Date de parution : 1893
Genre : Court essai philosophique profond


Le Russe Pierre Kropotkine (1842-1921) fut un géographe de notoriété internationale et un des grands penseurs de l’anarchisme.

La morale anarchiste, court essai philosophe, est remarquable. Je ne suis pas d’accord avec tout. J’ai toutefois noté trois idées justes de l’auteur :

La nature profondément égoïste de l’individu. Une idée lucide déjà émise par Max Stirner en 1845 dans L’Unique et sa propriété, un des textes fondateurs de la pensée libertaire individuelle. Stirner affirme que les altruistes ne sont que des égoïstes qui cherchent leur plaisir dans celui des autres. Kropotkine ne dit pas autre chose. Il illustre fort bien son propos :

« Lorsqu’une femme se prive du dernier morceau de pain pour le donner au premier venu, lorsqu’elle ôte sa dernière loque pour en couvrir une autre femme qui a froid, et grelotte elle-même sur le pont du navire, elle le fait parce qu’elle souffrirait infiniment plus de voir un homme qui a faim ou une femme qui a froid, que de grelotter elle-même ou de souffrir elle-même de faim. »

 La moralité et l’instinct de solidarité. Ils nous viennent du fond des âges. Sans l’instinct de solidarité, beaucoup de races animales n’auraient pas survécu. C’est un produit de l’évolution.

L’énergie passionnelle et créatrice. Les grands hommes qui semblent sacrifier leur vie pour une grande cause, la science par exemple, expriment en fait une surabondance de vie :

« Le sentiment moral du devoir, que chaque homme a senti dans sa vie et que l’on a cherché à expliquer par tous les mysticismes. Le devoir n’est autre chose qu’une surabondance de vie qui demande à s’exercer, à se donner ; c’est en même temps le sentiment d’une puissance.

Toute force qui s’accumule crée une pression sur les obstacles placés devant elle. Pouvoir agir, c’est devoir agir. Et toute cette ‘obligation’ morale dont on a tant parlé et écrit, dépouillée de tout mysticisme, se réduit ainsi à cette conception vraie : la vie ne peut se maintenir qu’à condition de se répandre.

‘La plante ne peut pas s’empêcher de fleurir. Quelquefois fleurir, pour elle, c’est mourir. N’importe, la sève monte toujours !’ conclut le jeune philosophe anarchiste. Il en est de même pour l’être humain lorsqu’il est plein de force et d’énergie. La force s’accumule en lui. Il répand sa vie. Il donne sans compter — sans cela il ne vivrait pas. Et s’il doit périr, comme la fleur en s’épanouissant — n’importe ! La sève monte, si sève il y a. Sois fort ! Déborde d’énergie passionnelle et intellectuelle — et tu déverseras sur les autres ton intelligence, ton amour, ta force d’action ! »





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