jeudi 5 juillet 2012

Critique de : La morale anarchiste par Kropotkine


Date de parution : 1893
Genre : Court essai philosophique profond


Le Russe Pierre Kropotkine (1842-1921) fut un géographe de notoriété internationale et un des grands penseurs de l’anarchisme.

La morale anarchiste, court essai philosophe, est remarquable. Je ne suis pas d’accord avec tout. J’ai toutefois noté trois idées justes de l’auteur :

La nature profondément égoïste de l’individu. Une idée lucide déjà émise par Max Stirner en 1845 dans L’Unique et sa propriété, un des textes fondateurs de la pensée libertaire individuelle. Stirner affirme que les altruistes ne sont que des égoïstes qui cherchent leur plaisir dans celui des autres. Kropotkine ne dit pas autre chose. Il illustre fort bien son propos :

« Lorsqu’une femme se prive du dernier morceau de pain pour le donner au premier venu, lorsqu’elle ôte sa dernière loque pour en couvrir une autre femme qui a froid, et grelotte elle-même sur le pont du navire, elle le fait parce qu’elle souffrirait infiniment plus de voir un homme qui a faim ou une femme qui a froid, que de grelotter elle-même ou de souffrir elle-même de faim. »

 La moralité et l’instinct de solidarité. Ils nous viennent du fond des âges. Sans l’instinct de solidarité, beaucoup de races animales n’auraient pas survécu. C’est un produit de l’évolution.

L’énergie passionnelle et créatrice. Les grands hommes qui semblent sacrifier leur vie pour une grande cause, la science par exemple, expriment en fait une surabondance de vie :

« Le sentiment moral du devoir, que chaque homme a senti dans sa vie et que l’on a cherché à expliquer par tous les mysticismes. Le devoir n’est autre chose qu’une surabondance de vie qui demande à s’exercer, à se donner ; c’est en même temps le sentiment d’une puissance.

Toute force qui s’accumule crée une pression sur les obstacles placés devant elle. Pouvoir agir, c’est devoir agir. Et toute cette ‘obligation’ morale dont on a tant parlé et écrit, dépouillée de tout mysticisme, se réduit ainsi à cette conception vraie : la vie ne peut se maintenir qu’à condition de se répandre.

‘La plante ne peut pas s’empêcher de fleurir. Quelquefois fleurir, pour elle, c’est mourir. N’importe, la sève monte toujours !’ conclut le jeune philosophe anarchiste. Il en est de même pour l’être humain lorsqu’il est plein de force et d’énergie. La force s’accumule en lui. Il répand sa vie. Il donne sans compter — sans cela il ne vivrait pas. Et s’il doit périr, comme la fleur en s’épanouissant — n’importe ! La sève monte, si sève il y a. Sois fort ! Déborde d’énergie passionnelle et intellectuelle — et tu déverseras sur les autres ton intelligence, ton amour, ta force d’action ! »





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