D’après le
roman de : Jean-Patrick Manchette
Adaptation et
dessin : Tardi
Date de
parution : 2010
Genre : bande
dessinée noire, néo-polar
On appelle
parfois la bande dessinée le roman
graphique. C’est bien le cas ici, puisque cette BD est tirée d’un roman de
Manchette, qui fut le chef de file du genre néo-polar en langue française dans
les années soixante-dix.
Du roman, Tardi tire des textes narratifs à
la troisième personne, assez peu usités en BD, mais qui collent parfaitement à
l’histoire. Les personnages possèdent une profondeur psychologique digne d’un
roman.
Du graphique, Tardi dégage une ambiance
glauque et saisissante grâce à son dessin en noir et blanc. Les rues de Paris
sont admirablement rendues, sublimées même. Les personnages possèdent une
présence, une tronche marquante.
Les
ingrédients classiques du roman bien noir sont présents à forte dose :
sexe, alcool, tabac, armes à feu, bagarres, tortures, tueries…
C’est
l’histoire d’un jeune gars qui se donne dix ans pour faire fortune. À tout
prix. Il devient tueur à gages. Mais quand il veut se prendre sa retraite,
fortune faite, son employeur n’est pas d’accord.
On retrouve
les thèmes certes classiques, mais toujours prenants de la traque, du complot,
de la spirale de la vengeance.
Le personnage
principal est un tueur amoral et inhumain. Pourtant, même les humains les plus
inhumains (selon le jugement de la société) ont quand même des sentiments
humains. La faiblesse de notre héros qui l’humanise à nos yeux, c’est l’amour.
Il est parti faire fortune pour plaire à une jeune fille de riche (au passage
un petit thème social). Il lui a demandé d’attendre dix ans. Évidemment, elle
n’a pas attendu. Pourtant, il l’aime encore, il s’accroche à elle tandis que son
employeur s’ingénie à lui pourrir la vie. Personne ne l’aime finalement, ce
pauvre garçon. Ce désamour, à sa façon il le rend bien…
Un autre thème
intéressant, grandeur et décadence,
est traité de façon particulière, que je vous laisse découvrir.
En conclusion,
une excellente bande dessinée qui démarre très classiquement, mais qui au fil
de l’histoire démontre une profondeur certaine. Elle ne sombre assurément
jamais dans le manichéisme ni la morale archaïque.
Pour lecteurs
avertis.
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peut-être :
Franchement, j'aurais vu quelqu'un de moins "réaliste" que Tardi pour reprendre La position du tireur couché"...
RépondreSupprimerCeci parce que j'ai toujours trouvé qu'il y avait quelque chose de décalé par rapport au réel dans les intrigues de Manchette, qui donnait une profondeur supplémentaire, comme s'il ne racontait pas seulement une histoire, mais quelque chose de la vie incertaine, débordée par elle-même, de chacun de nous.
Et puis j'aime pas trop qu'on reprenne les auteurs que j'aime, voilà.
C'est très intéressant ce que vous écrivez, Alain :
RépondreSupprimer" quelque chose de décalé par rapport au réel dans les intrigues de Manchette, qui donnait une profondeur supplémentaire, comme s'il ne racontait pas seulement une histoire, mais quelque chose de la vie incertaine, débordée par elle-même, de chacun de nous. "
C'est ce qu'essaient de transmettre beaucoup d'auteurs, une profondeur supplémentaire, comme vous dites, pour émouvoir et transmettre une certaine image de la vie.