vendredi 28 mars 2014

La revue numérique Short Stories, Etc. des éditions de La matière noire



D’abord la fréquence de parution : hebdomadaire. C’est un rythme très soutenu. La plupart des webzines proposent une parution mensuelle ou trimestrielle.

Ensuite, le format. Les confrères périodiques en sont encore au PDF. La matière noire, éditeur numérique, propose les deux formats pour liseuses : epub et mobi (Amazon Kindle). J’ai testé la version mobi : sa présentation est impeccable. Aucune faute de typographie ou de français n’est à déplorer.

Enfin, le modèle économique. Entreprenant, l’éditeur Victorien ose l’abonnement payant : au mois, au semestre ou à l’année. Il propose à ses auteurs un vrai contrat à compte d’éditeur – une initiative suffisamment rare pour être saluée.

Vous avez 5, 10 ou 20 minutes pour lire ? Short Stories etc., le magazine de la nouvelle est fait pour vous ! Chaque semaine, trois auteurs différents vous proposent chacun une nouvelle. Tous les genres de la fiction sont abordés.

Bon, mais la qualité est-elle au rendez-vous ? Vous pouvez le constater par vous-même : le numéro 1 est gratuit.

Comme le temps passe… Nous en sommes déjà au numéro 12. Ce numéro publie une de mes nouvelles, Le voyageur amoureux. Il s’agit d’une enquête d’Axtone Latuile, détective privé fauché, nihiliste et alcoolique repenti. C’est un personnage dont j’ai narré les aventures noires pendant un roman. Cette nouvelle n’en fait pas partie, il s’agit d’une exclusivité pour Short Stories, etc.

On trouvera notamment dans ce numéro 12 une remarquable nouvelle d’Élisabeth Charier, Glaciation. L’ère glaciaire est de retour en Europe ! Froid et faim au nord, surpopulation et émeutes au sud. Remarquablement écrit et rythmé, ce récit apocalyptique nous dépeint avec un grand réalisme l’enfer polaire tel qu’il pourrait advenir en France. Il est d’autant plus réaliste que j’ai lu qu’on avait découvert que les ères glaciaires du passé étaient arrivées très brusquement : en quelques semaines seulement ! Comme la climatologie est encore une science balbutiante, qui sait si cela ne nous arrivera pas demain ? Alors, préparez-vous à la prochaine ère glaciaire en lisant cette nouvelle qui… fait froid dans le dos.
 

samedi 22 mars 2014

Le numéro 12 d’Absinthe : un cru enivrant !


La revue numérique (ou webzine) Absinthe publie des nouvelles et des poèmes. Elle est téléchargeable gratuitement au format PDF. Il manque les formats epub et mobi pour liseuses, un défaut de jeunesse qui n’est pas spécifique à ce webzine littéraire.

Absinthe s’intéresse à la littérature de l’Imaginaire : Science-Fiction, Fantasy & Fantastique, SFFF. Évadons-nous du gris monde réel !

Son jeune et dynamique éditeur, Aaron McSley réussit depuis maintenant un an l’exploit d’une production mensuelle. Dix nouvelles et presque autant de poèmes chaque mois, je tire mon chapeau parce que c’est une cadence très élevée qu’aucun webzine à ma connaissance ne tient sur la distance.

Nous avons la quantité, certes. Mais la qualité ? Diantre oui ! Je me suis penché sur les nouvelles et quand je me suis relevé, j’avais le tournis – de ravissement. Le niveau est stupéfiant. Il y a du punch dans ces textes, de l’esprit, de l’allant ! Tout n’est pas parfait, certes, mais on y trouve des points forts qui gomment les imperfections. Suivant les auteurs, on a du style, du rythme, de la maitrise narrative, des rebondissements, de la psychologie des personnages, des idées… Bref, le meilleur de la littérature nouvelliste de genre.

La maquette présente fort bien. Chaque nouvelle est illustrée par une photo souvent choisie avec pertinence.

L’éditeur demande de traiter un thème différent chaque mois. Pour le numéro 12 de mars 2014, il s’agissait de : « Confréries secrètes ».

Sur ce thème, j’ai écrit une nouvelle de Fantasy, La Pierre de Concentration. N’hésitez pas à me faire un retour en commentaire du blog.

Quant à moi, voici mon retour sur les textes qui m’ont le plus touché :

Les intra-terrestres, de Laurent Pendarias. Fantasy. Un mercenaire et son écuyer arrivent dans un village. Ils sont porteurs de terribles nouvelles : les intra-terrestres, ces monstres du sous-sol – là, sous nos pieds –, ils arrivent ! Les deux héros vont-ils défendre les villageois ? L’univers imaginaire est excellent. Il s’agit du Moyen-Âge en France, avec références à des lieux et rois historiques. Simplement, la magie existe au quotidien : on est dans la Fantasy. La nouvelle offre une belle chute, bien surprenante, avec en prime une réflexion classique mais pertinente sur la genèse des mythes.

Les autres, de Tiphaine Levillain. Science-Fiction. Les humains se sont exterminés, c’est dans leur nature violente et abjecte. Une race d’extra-terrestres les a aidés à se relever. Maintenant, vont-ils être reconnaissants ou continuer à se comporter en salopards d’humains, égoïstes et hégémoniques ? Kerr, le héros de cette nouvelle menée tambour battant est brinquebalé, choqué, terrorisé, désorienté. Se greffe là-dessus une romance, un grand dilemme et une chute vraiment réussie.

Les marionnettistes, de Catherine Loiseau. Fantastique. Elle est mal dans sa peau, en marge. Elle seule, les voit, ces êtres inquiétants à l’étrange pouvoir. Elle les surnomme les marionnettistes. Et les fuit comme la peste. Racontée à la première personne, cette nouvelle très bien écrite se distingue par l’attention portée à la psychologie du personnage principal. Celle-ci évolue avec les péripéties. Les monologues intérieurs sonnent juste. Un texte tout à fait remarquable.

O.R.B., de Jean Bury. Fantastique. Des résistants résistent. Pas aux nazis, mais à des néonazis extra-terrestres. En fait, c’est un roman, mais les personnages arrivent à alpaguer l’auteur. Le thème de l’artiste qui rencontre sa création n’est pas nouveau. Oui mais quel thème est nouveau aujourd’hui ? Il est traité de belle façon, voilà ce qui importe. Le texte est servi par une verve stylistique remarquable. Les dialogues claquent. L’humour déjanté est omniprésent. Les références culturelles abondent. Bref, un bijou !

J’étais tellement enchanté par ce magazine que, moi qui ne lis jamais de poésie, hop, sur ma lancée, j’ai dévoré aussi cette section. Étant hermétique au genre, je me garderai d’analyser les poèmes présentés. En tout cas, j’ai apprécié l’humour de Julien Noël et la liste à la Prévert de Cyril Amourette, laquelle dégage une atmosphère particulière.

Voilà, j’espère vous avoir donné envie de télécharger cette revue numérique gratuite si enivrante, de la lire et de la partager, parce que vraiment, elle gagne à être connue.
 
 

mercredi 19 mars 2014

La revue numérique l’Ampoule numéro 11


L’Ampoule est une revue littéraire numérique gratuite et trimestrielle téléchargeable au format PDF sur le site des éditions de l’Abat-Jour.

Le thème du numéro 11 est : Révolte & Insurrection.

De mon point de vue forcément subjectif, la qualité des nouvelles proposées est très inégale. Trois d’entre elles m’ont particulièrement plu.

Charybde et Scylla de Benoît Patris. Une nouvelle angoissante qui se déroule sur un paquebot prison. Est-ce un rêve ou la réalité ? On flirte avec le fantastique. Le récit est bien écrit grâce à un style efficace et alerte et à une narration maitrisée. Un sacré suspens tient le lecteur en haleine jusqu’à la fin. Et même au-delà, puisqu’on peut télécharger la version longue de cette nouvelle sur le site de l’Abat-Jour. Ce récit me fait penser à la chanson Hotel California des Eagles. On peut voir cette nouvelle comme une allégorie de la vie où nous sommes tous prisonniers, et où on peut se demander quelle est la part de réalité dans tout ça.

Et si vous voulez vous délecter du chef-d’œuvre de Benoît Patris, téléchargez le précédent numéro de l’Ampoule, le 10. Attention les émotions avec Le Phénomène Doppelganger. Annoncé comme un article, il s’agit en fait d’une fiction, une nouvelle à la présentation tout à fait originale. Cette façon de compiler par ordre chronologique des copies de pages de sites internet est du meilleur effet et a dû demander beaucoup de travail à l’auteur. Elle renforce le réalisme de l’histoire. Sur le fond, l’intrigue (genre fantastique), la psychologie des personnages et surtout l’humour caustique – cette savoureuse critique sociétale à la fois féroce et subtile – dégagent un parfum d’authenticité rare. Il y a même quelques messages philosophiques. Un chef-d’œuvre, je le répète !

Rupture de contrat, de Stéphanie Braquehais. En voilà une nouvelle décapante ! Presque un conte philosophique noir. Emmené par un humour corrosif et une intrigue surréaliste, le récit transpire une critique sociétale fort réussie. Le thème est vital et tabou à la fois : comment mater l’instinct de reproduction chez ces mammifères particuliers, les humains.

Chaussure à son pied, de Fabrice Marzuolo. Noire de chez noir, cette nouvelle trash et déjantée pour adultes ne manque pas de punch. C’est une vraie réussite, servie par des trouvailles stylistiques intéressantes. Il se révolte grave, le narrateur ! Il ne suit pas la religion actuelle, l’humanisme. Au contraire, il la conchie cette humanité. Il souffre d’un deuil qui renforce son dégoût pour ses congénères. Ses pensées comme ses actes, tout est au vitriol. Ça pique, c’est bon…

Au milieu du magazine, en encart, on trouvera le chapitre 7 des Collines de Hurlefou, écrit par votre serviteur. Ne partez pas ! Il n’y a pas besoin d’avoir lu les précédents épisodes pour s’immerger aussitôt dans le récit. D’autant qu’un court résumé est fourni. De plus, en exclusivité pour les lecteurs de ce blog, voici la bible des personnages principaux :

Victor Morand : Barbu, il porte un fusil et un sac à dos rempli de papier hygiénique et d’un couteau suisse. Victor est courageux, individualiste, stupide, insensible, amoral, coléreux et obsédé sexuel. Il a un talon d’Achille (les fesses) et craint les substances urticantes.

Sam : Il est bon comme du bon pain. Il pardonne facilement. Le brave type, quoi…

Michel Albin : Grand (pointure 48) et gros (113 kg), crâne rasé et frappé de cécité. Il est homosexuel et aime se travestir en femme. Détective attitré du grand éditeur parisien Gaël Imart, concurrent de Franck Joannic, l’éditeur bordelais des Éditions de l’Abat-Jour. Michel est intelligent. Il a été l’amant de Paul Lugowski, son Popaul.

Paul Lugowski : Écrivain bisexuel érotomane dont le succès repose sur sa prose torride. Il constitue le plus grand succès commercial de ces dernières années, une sorte de Gérard de la Ville, comme lui à la fois méprisé et jalousé. Joannic voudrait bien le récupérer. De son côté, Imart refuse de perdre son gagne-pain et a envoyé Albin retrouver Lugowski. Seulement voilà, l’écrivain est aussi ingérable qu’un Jack-Alain Léger.

L’ouvrage principal de Lugowski est Aphorismes X.

Alexandra : Blonde pulpeuse quinquagénaire, elle a de beaux restes. Ex-égérie de feu Gérard de la Ville, elle est le détective de l’éditeur Plomb, concurrent de Gaël Imart et de l’Abat-Jour. Alexandra a un accent autrichien. Elle est intelligente et sans scrupules, mais possède plus de moralité que Victor.
 
 

vendredi 14 février 2014

Critique : Gil Jourdan l’intégrale, volume 1 par Maurice Tillieux (Bande dessinée)


Éditeur : Dupuis
Date de parution : fin des années cinquante
Genre : BD de détective humoristique 

Dans les années cinquante et soixante, l’école belge produisait les meilleurs BD du monde pour la jeunesse et aussi pour la vieillesse. Avant de sortir en album, les plus savoureuses d’entre elles étaient publiées en feuilleton dans les deux magazines vedettes de l’époque : Tintin et Spirou.

Chez Spirou officiait l’éditeur Charles Dupuis. Non seulement il était un dénicheur de talents sans pareille, mais en plus il s’immisçait dans les créations de ses poulains, souvent pour le meilleur. La grande vedette, c’était Franquin qui avait donné le nom à l’hebdomadaire. Aux côtés du père, il y a avait le fils et le sain esprit : Roba et Peyo. Et puis, pullulait une pépinière de talents dont Marc Tillieux fut le plus brillant représentant.

Marc Tillieux était un artiste complet : romancier, scénariste et dessinateur. Sa meilleure création est la série des Gil Jourdan, 15 albums de 1956 à 1973.

Gilbert Jourdan est un jeune détective privé bardé de diplômes, d’intelligence et d’agilité physique. Sa morale irréprochable et ses façons pince-sans-rince sont tintinesques. Un tel personnage seul serait ennuyeux : trop lisse ce gendre idéal, trop parfait, pas humain. Alors il s’entoure de deux faire-valoir. Libellule est un ancien cambrioleur repenti, l’âme damnée de Gil. Cerveau miniature (sauf nécessités de l’intrigue) mais attachant. Il fait des calembours dont lui seul rit. De toute façon, Jourdan ne rit jamais, ne boit jamais, ne fume pas, ne b… etc. L’inspecteur de police Crouton, c’est le bouffon par sa maladresse physique, mais par contre il assure intellectuellement. Bref, ce trio se complète. Leurs aventures mêlent rebondissements et humour.

Le dessin, il faut le dire, n’est pas le point fort de Tillieux. Il s’inspire du style Franquin sans parvenir à égaler le maitre. D’après ce qu’il raconte dans un interview, c’est Charles Dupuis qui lui a demandé ce style caricatural (les têtes des personnages sont disproportionnées par rapport au reste du corps comme chez Franquin) alors qu’il se sentait plus en phase avec le style réaliste d’Hergé.

La force de Tillieux, c’est le scénario. La psychologie des personnages. L’intrigue, bien sûr. Mais surtout les dialogues. Tillieux, c’est l’Audiard de la BD, le Lauzier pour la jeunesse. Les dialogues sont si cocasses et percutants qu’ils en deviennent irréalistes : on imagine mal le clampin de base avoir autant d’esprit. Tous les persos renvoient la balle chez Tillieux. C’est savoureux. Il possède aussi l’art de découper l’histoire en cases, le point fort d’Hergé.

Le volumineux tome 1 cartonné de l’intégrale propose les quatre premières aventures de Gil Jourdan : Libellule s’évade, Popaïne et vieux tableaux, La voiture immergée et Les cargos du crépuscule. En introduction, on a droit à une passionnante biographie de Tillieux, illustrations à l’appui, présentant sa vie artistique, donc, et aussi la genèse de Gil Jourdan.
 
 

samedi 4 janvier 2014

Romancier cherche relecteurs

" Détective à la dérive " était au départ un feuilleton :

http://www.editionsdelabatjour.com/pages/Detective_a_la_derive-8789562.html

C'est devenu un roman noir.

Je cherche des relecteurs.

Merci de laisser un commentaire si vous êtes intéressé.

mercredi 1 janvier 2014

Critique : Texas Cowboys (bande dessinée)


Une p'tite critique de BD de qualité (la BD, pas la critique) pour bien débuter l'année. Et la finir aussi, ce blog est en bout de course.
 
Sous-titre : The Best Wild West Stories Published
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Matthieu Bonhomme
Date de parution : 2012
Genre : Western
 

Son titre sonne comme un pulp américain. Son sous-titre transpire encore plus le vintage. Le style du dessin est au diapason, évoquant les bandes dessinées de la première moitié du XXe siècle. Et pourtant ! Texas Cow-boys possède tous les qualités qu’on est en droit d’attendre d’un art qui a tant progressé depuis un siècle.

Le dessin, vaguement naïf au premier abord, est en fait bien expressif, efficace et tout simplement esthétiquement formidable grâce notamment à une palette de couleurs digne d’une peinture. Les tronches des personnages sont saisissantes. On les garde en mémoire au fil du récit, ce qui renforce l’intrigue.

Alors l’intrigue, parlons-en parce que c’est vraiment le point de ce chef-d’œuvre. Trondheim fait preuve d’une maitrise narrative consommée. On suit les péripéties croisées de plusieurs personnages, avec parfois des flashbacks ou son contraire que nous appellerons flashforward. En général, ce type de construction d’histoire est casse-gueule : on a du mal à suivre, on est dans le flou pendant longtemps, il faut faire des efforts de mémoire. Mais pas avec Trondheim ! C’est fluide et passionnant ! Du punch et du suspense !

L’histoire ? Il y en a plusieurs. Parlons de la principale : un pied-tendre de l’Est débarque au Far-West, à Fort Worth. Il est chargé de faire un reportage, mais ce n’est pas son objectif. Il est venu pour retrouver le second mari de sa mère qui a plumé celle-ci, se marier et faire fortune.  Écoutons les conseils avisés d’un vieux cowboy du cru à qui il s’est confié :

— On peut pas v’nir dans l’Ouest pour la vengeance, la fortune et l’amour, ça fait trop. C’est n’importe quoi. Il faut choisir pour rester concentré. Qu’est-ce que tu veux le plus ? Le fric, niquer ou te venger ?

— Euh… Mettons l’argent. Je pourrai toujours acheter le reste après.

— Voilà un bon p’tit Américain.
 



dimanche 15 décembre 2013

Lordius publié dans la revue l’Ampoule


La revue trimestrielle numérique et littéraire l’Ampoule est publiée par les éditions de l’Abat-Jour.

Chaque numéro explore un thème différent. L’Ampoule numéro 10 s’intéresse à « Doubles & Miroirs ».

Au sommaire de ce périodique de 108 pages téléchargeable au format PDF et consultable sur Calaméo : articles et nouvelles, photographies et illustrations.

J’ai écrit le sixième épisode du feuilleton Les Collines de Hurlefou (il n’est pas nécessaire de lire les précédents épisodes, un résumé de quelques lignes plonge le lecteur dans l’intrigue). Les illustrations du feuilleton sont de Marray.

Bonne lecture !