vendredi 9 septembre 2011

Critique dite litteraire : L’orchestre des doigts de Yamamoto Osamu (Manga)

Ce manga en quatre tomes paru aux débuts des années 90 est atypique. La plupart des mangas traitent d’action violente et débridée, et se contentent de recycler deux ou trois bonnes idées à chaque volume. L’orchestre des doigts se démarque de cette ligne classique de belle manière.

L’histoire de ce manga hors du commun est celle d’une école japonaise d’Osaka de sourds-muets.

La saga s’étend sur une bonne partie du XXème siècle, centrée sur le professeur Takahashi qui voue littéralement sa vie à aider les sourds-muets à surmonter leur handicap. Dans un contexte social très agité, les péripéties bouleversantes n’épargnent pas les élèves de Takahashi.

D’abord, les gens de l’époque voyaient les sourds-muets comme des pestiférés, des attardés mentaux honteux. Les « braves gens » n’aiment pas que l’on soit différent.

Ensuite, après un tremblement de terre, les Japonais de Tokyo, peu portés à la tolérance dans la première moitié du XXème siècle, massacrent les émigrés coréens. Le pogrom fait plusieurs milliers de morts. Les assassins démasquent les infortunés Coréens en leur faisant répéter une phrase japonaise que les étrangers coréens ont du mal à prononcer correctement. Alors, malheur aux sourds-muets japonais ! Comme ils ne peuvent pas parler, ils sont occis illico.

Enfin, en toile de fond, il y a une lutte entre deux écoles : le langage des signes dont le champion toutes catégories est Takahashi, et la lecture labiale. Certains sourds-muets arrivent en effet à lire sur les lèvres et à parler. Cela paraît un progrès spectaculaire, car ils peuvent mieux s’intégrer dans la société, leur handicap passant presque inaperçu. L’aspect sensationnel de la méthode oraliste est si fulgurant que les autorités politiques décident de faire disparaître la langue des signes appelée aussi méthode gestuelle. Grave erreur ! Car moins d’un sourd-muet sur trois arrive à développer la lecture labiale. Takahashi se bat pour que les autres ne soient pas laissés sur le bord de la route.

De drames en victoires, de désillusions en rebondissements, la saga se poursuit. Elle dégage une émotion poignante et nous apprend beaucoup sur le sujet des handicaps liés aux sens. Elle constitue un miroir fascinant de la société japonaise de la première moitié du XXème siècle, qui, à l’aune de nos critères actuels, paraît infâme et préfigure la Seconde Guerre Mondiale.


8 commentaires:

  1. Bon article ! Peut-être quelques images du Manga pour illustrer les propos.
    Et puis manga ça rime avec soda dont une marque semble sponsoriser le blog :-)

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  2. Excellente suggestion ! J'ajoute quelques planches.

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  3. Bravo !
    Et pour la marque de soda, tu fais quoi ?

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  4. Tu sursois car trop sur de soi.
    Ach die franzosen, toujours la même arrogance !
    Et en plus aucune subtilité d'esprit ; alors il faut tout expliquer.
    Marque de soda = Fanta, car dans le titre colossaaaale erreur : Fantatisque !!
    Grooossse Malheurrrr pour un blog dit littéraire :-)

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  5. Ach, fantastisque maintenant !
    Herr Lordius vous avez un fantastique humour

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  6. Enchantée et merci pour la visite je reviendrai lire plus en détail, pour le moment je fuis en compagnie de Morphée !

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