lundi 26 septembre 2011

Nouvelle courte : La légende est en marche - Suite et fin

            1ère partie

— Sauver… reprend le disciple. Si vous me permettez un mot joueur dans notre situation tragique, Maître, pourquoi ne vous sauvez-vous pas de cette ville ? J’ai voyagé dans les pays voisins avant de vous suivre. De nombreuses communautés religieuses sont prêtes à croire en un Dieu unique qui offre la vie éternelle pourvu qu’on ait la foi. Ces idées sont inspirées de courants philosophiques grecs.  Il ne manque que le trait d’union entre Lui et les hommes, son Fils mythique ou réel. Le terreau est fertile, la graine a été semée. Il ne reste qu’à arroser…
            — Arroser avec mon sang… Il est trop tard pour fuir. J’ai demandé à l’un de vous de me dénoncer…
            — Je comprends à présent pourquoi vous avez dit lors du souper : « Ce que tu as à faire, fais-le vite. » Mais pourquoi ?
            — Pour que se réalise la prophétie des écritures. Et pour en finir… Je…
            Le Maître met sa tête dans ses mains, en plein désarroi. Le disciple s’approche, pour entendre ce que le Maître murmure :
            — Mon Père, éloigne de moi ce calice amer, s’il se peut…
            — Maître, au crépuscule de notre rencontre, confiez-vous le tourment qui vous oppresse…
            Le Maître retire les mains de son visage sombre. Ses yeux sont humides, sa respiration forte.
            — Mon âme est troublée. Mon cœur est triste à mourir. Je doute. Les autorités veulent me faire mettre à mort pour blasphème. Elles ne croient pas que je sois le fils de Dieu. Les pharisiens pensent que je suis fou, que j’ai un démon. Or j’entends la voix de mon Père dans ma tête parfois… Mais est-ce bien Lui ? Et si les Pharisiens avaient raison… Il faut en finir, je dois savoir…
            — Maître, j’ai discuté avec les autres disciples. Si vous êtes condamné, nous pouvons soudoyer les gardes et vous remplacer par un esclave drogué avant l’exécution.
            — Quoi ! Un innocent exécuté à ma place ? Quelle indignité !
            — Qu’il soit fait selon votre volonté. Nous avons élaboré une autre solution. Nous enlèverons votre corps du tombeau et proclamerons à travers Jérusalem que vous êtes revenu d’entre les morts. La légende est en marche, Maître !
            — Quoi ! Mais…
            On frappe avec force à la porte.
            — Au nom du Préfet Ponce Pilate, ouvrez !


Fin

Je dédicace cette nouvelle à jchr.be

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5 commentaires:

  1. Merci, dédicace bien reçue

    jchrbe

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  2. Des nouvelles courtes me semblent une bonne solution pour ne pas décourager l'attention, vu le zapping généralisé.
    A bientôt donc !

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  3. L'évangile selon Lordius ;-) Je ne l'avais jamais lu. Un apocryphe, sûrement ! Trouvé dans je ne sais quelle jarre ;-)

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  4. Une jarre à bière :-)

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