jeudi 27 octobre 2011

Les fables de Lordius : le conseil des ministres du roi Gringalus

            Un formidable coup de barre l’assaille. Impossible de garder les yeux ouverts. Le conseil des ministres est si rasoir… Assoupissement…
            Kharla lui apparaît en rêve. Kharla est sa guenon préférée. Enfin, non, son amour c’est Cilia. Mais elle l’a quittée. Avec une grimace, il se rappelle le texto qu’il lui a envoyé juste avant son remariage avec Kharla. Il était prêt à la reprendre. La bourde, ce texto ! Cilia n’a pas daigné répondre. Quant à Kharla… Quelle scène atroce elle lui a fait ! Il a la migraine rien que d’y penser…
            Kharla… Quelle magnifique femelle pour sa catégorie d’âge… Elle a encore le poil si luisant, sa fourrure de guenon chimpanzé est encore si soyeuse. Elle…
            — Vous m’écoutez, votre Majesté ?
            Gringalus ouvre les yeux. Un grand chimpanzé tiré à quatre épingles est assis en face de lui, entouré d’autres personnages. Ce Filou, il est brave singe mais ses discours sont si soporifiques…
            — Continuez votre exposé, Filou…
            — Je vous demandais quel était l’ordre du jour du conseil des ministres…
            Gringalus a convoqué un conseil impromptu en plein milieu des vacances d’été pourtant sacrées dans la Contrée Hexagonale. Il a pensé que les marchés financiers seraient rassurés que le gouvernement travaille à la réduction des déficits.
            — Il faut qu’on prépare une mesure sociale pour la rentrée. Augmenter les bourses étudiantes par exemple.
            — Mais, s’étonne le premier ministre, vous avez annoncé aux médias qu’on revenait de vacances pour travailler à la réduction de la dette…
            Gringalus soupire. Comme son puissant homologue Arnack Aubasmot, il a parfois l’impression d’être entouré de nigauds, ou plutôt de ministres honnêtes. C’est pire.
            — Déjà, il n’est pas question de réduire la dette. Il s’agit juste de diminuer un peu la vitesse de son accroissement de manière à retarder légèrement la faillite de la Contrée Hexagonale.
       — La faillite, Majesté ?                                           
            — Elle est inéluctable. D’autres territoires par le passé, sur d’autres continents en font fait la cruelle expérience. C’est à présent au tour de la Désunion des Républiques Bananées de goûter ce calice amer.
            — Taillons dans les dépenses inutiles ! s’écrie Filou en fusillant du regard à tour de rôle les ministres de la Guerre, de la Culture et des Sports.
            — À quoi bon ? Les dépenses sociales combinées à l’accroissement de la durée de vie du peuple chimpanzé sont hors de contrôle.
            — Le social est juste mais si on n’a plus les moyens, il faut se résoudre à…
            — Le peuple chimpanzé ne l’acceptera pas. L’utopie de la Contrée Providence l’obsède. Il croit que tout lui est dû. Nous n’avons pas d’autre choix que d’aller jusqu’à la banqueroute. Surtout si nous voulons nous faire réélire d’ici là…

À suivre.

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