mardi 20 mars 2012

Critique littéraire : Suétone. Vie des douze César - Auguste

Suétone fut un érudit et historien latin du début du IIème siècle après J.C. Son œuvre principale est Vie des Douze Césars, découpée en douze livres. Le livre II est consacré à Auguste, le premier et légendaire empereur qui régna plus de quarante ans au cours du Ier siècle avant J.C.

Suétone avait accès à des sources aujourd’hui en partie perdues comme les archives impériales. C’est pourquoi son ouvrage est précieux, même si l’auteur n’hésite pas à parfois colporter des ragots, particulièrement pour les empereurs « fantasques » qui ont suivi Auguste.

Son ouvrage est découpé en rubriques qui traitent chacune d’un thème. Concernant les agissements publics d’Auguste, comme les faits ne sont pas présentés chronologiquement, il est préférable de connaître un peu ce qui s’est passé à son époque.

Mais à mon avis, ce qui est vraiment intéressant, ce sont les rubriques qui décrivent l’homme qu’il était en privé, dans l’intimité, l’envers du décor, un peu comme dans un Paris-Match antique.

Certaines révélations sont assez cocasses. On aurait pu l’imaginer bon à l’écrit en latin, d’autant qu’il écrivait des œuvres de fiction. Eh bien, pas du tout, Suétone nous informe avec diplomatie qu’il prenait beaucoup de liberté avec la grammaire.

Auguste était un moraliste austère en public : il a fait voter de nombreuses lois par le Sénat pour veiller à ce que son peuple respecte les bonnes mœurs, sans trop de succès. Or il a enlevé la femme mariée et enceinte d’un citoyen romain, celle qui est devenue sa femme Livie.

Par ailleurs il semble bien qu’il ait été homosexuel dans sa jeunesse, comme son oncle César et son successeur Tibère. On pourrait être tenté de penser que le gène de l’homosexualité courait dans la famille des Julio-Claudiens, sauf que Tibère n’avait pas de lien de sang avec Auguste, il était le fils de Livie.

Suétone rapporte aussi que Livie pourvoyait régulièrement l’empereur en maîtresses, lui qui prônait la fidélité à grands cris…

Dernière anecdote, intéressante sur le plan psychologique : Auguste raffolait de jouer aux dés, c’était son loisir favori. Il existe deux types de jeu : le jeu de hasard et son opposé, le jeu de réflexion, de compétition, comme les échecs. On peut penser qu’Auguste, grand travailleur, passait sa journée à réfléchir et décider. Aussi, pour se délasser, il lui était apaisant de laisser le hasard décider, de se retrouver à égalité avec son entourage.

En conclusion, cet ouvrage est assez passionnant parce qu’on a l’impression de toucher du doigt l’homme qu’était Auguste derrière la façade de l’empereur tout-puissant.

Lu sur Amazon Kindle pour le club des lecteurs numériques.
 
Disponible en ebook gratuit.


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