Auteur : Lucien
Aimé-Blanc (commissaire) assisté de Jean-Michel Caradec’h (écrivain et
journaliste)
Éditeur :
Plon
Date de
parution : 2006 (manuscrit achevé le 14 septembre 2005)
Genre : Mémoires
mémorables d’un flic
Lucien
Aimé-Blanc est un brillant policier français dont la carrière s’étend sur 30
ans à partir de 1961. Connu surtout pour sa participation à la traque de
Mesrine (ses révélations sur le sujet publiées en 2002 ont fait du bruit), il a
œuvré en tant que commissaire dans différents services de lutte contre le grand
banditisme : la Brigade Mondaine, l’OCRB, la BRI, les Stups…
Dans ce livre,
il décrit les affaires marquantes sur lesquelles il a travaillé de 1961 à 1983.
Ses révélations sont à la fois fracassantes et effarantes. Pour résumer, l’État
français via les services secrets a régulièrement recours à des tueurs de la
pègre pour perpétrer des assassinats politiques. Des exemples ? Enlèvement
d’un opposant marocain (affaire Ben Barka) ; assassinat d’un gauchiste
turbulent (affaire Pierre Goldman, le frère de Jean-Jacques) ; assassinat
d’un militant tiers-mondiste (Pierre Curiel) ; assassinat de leaders
corses indépendantistes (Guy Orsoni). À noter que l’État espagnol n’est pas en
reste, avec les commandos GAL chargés d’éliminer en toute impunité des dizaines
de membres de l’ETA.
À propos de
l’affaire Ben Barka, l’auteur divulgue des écoutes téléphoniques, prouvant que
le Premier Ministre de l’époque (Pompidou) était au courant du projet
d’enlèvement…
Pour recruter
les tueurs de la pègre, l’État dispose de plusieurs moyens : paiement cash
par contrat, protection des activités illégales du tueur (prostitution, jeu),
réduction de peine. En Espagne, on a même parfois fait sortir des criminels de
prison pour les enrôler dans les commandos GAL.
On comprend
mieux, à la lecture de ces révélations, pourquoi l’opinion publique adhère
souvent à la théorie du complot : c’est parce que les crimes d’État
parsèment l’histoire de notre beau pays démocratique
et parce que des complots, il y en effectivement parfois, et des bien
répugnants.
L’autre aspect
intéressant du livre, c’est la description des rapports nécessaires et troubles
entre la police et les indicateurs. Sans indic, pas de police, c’est bien
connu. La difficulté pour les policiers consiste à ne pas franchir la ligne
jaune, les relations avec les indics étant illégales. Pour bien faire son
métier, le policier est obligé d’enfreindre la loi.
Laissons la
conclusion à Aimé-Blanc :
Dans la police, il faut choisir : ou
bien prendre des risques pour lutter contre les criminels, ou soigner sa
carrière en évitant la moindre vague. En fin de parcours, on retrouve beaucoup
plus de directeurs qui n’ont jamais arrêté personne que d’hommes de terrain. Ce
n’est pas une caractéristique propre à la police.
En effet, il
s’agit là d’une caractéristique typiquement bureaucratique et étatique : en
général mieux vaut ne rien faire d’audacieux, d’innovant ou de créatif ; juste
se concentrer sur le pain quotidien : dépenser l’argent du contribuable,
sans oublier de pleurnicher sur le manque de moyens…
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