C’est ce qui a
failli arriver à Jean Favre, un artiste belge provocateur. Il a réalisé une
vidéo de lancer de chat dans les escaliers de la mairie d’Anvers. Certains
chats ont mal atterri, car ils ont besoin d’une surface plane pour bien se
réceptionner. Malgré ses excuses et bien qu’aucun chat n’ait été blessé, il a
été agressé sauvagement (bestialement ?) par sept individus courageux dans
le nombre, et a dû être placé sous protection policière.
On pourrait
penser que cet animalisme frénétique dérive de l’humanisme si en vogue depuis
le XIXe siècle. Bien qu’excessif dans ses réactions, il serait assurément
louable si sur la planète, on tentait vraiment de traiter correctement les
animaux. Ce qui est sidérant dans cette affaire, c’est le décalage entre d’une
part l’indignation pour quelques chats peu endoloris et d’autre part la façon égoïste
et cruelle dont on traite les animaux sur l’ensemble de la planète.
Les animaux
sauvages, c’est bien connu, se font de plus en rares, exterminés par la
croissance de la population humaine. Certaines associations comme le WWF
tentent d’enrayer le massacre en proposant des aides matérielles aux hommes
pour qu’ils arrêtent de détruire la nature. On voit bien que jamais les humains
ne tempèrent leur bien-être volontairement pour faire de la place aux animaux. Bientôt
ne resteront que les animaux en captivité dans les zoos, les rats, quelques
espèces d’insectes et d’oiseaux. Les souffrances des animaux sauvages sont
telles, qu’en proportion du lancer de chat, elles devraient lancer nos sept
courageux justiciers animalistes dans une croisade exterminatrice de l’espèce…
humaine.
Les animaux de
compagnie sont-ils mieux traités ? Beaucoup sont maintenus en captivité,
pour le plaisir de leur maître. Les oiseaux et hamsters en cage, par exemple.
Mais aussi les chats. Quand ils vivent en étage en immeuble, beaucoup de ces
pauvres bêtes ne sortent jamais, de peur de les perdre. Ça ferait tant de peine
à leur maître qui ne se demande pas s’il vaut mieux un chat libre dehors ou bien
enfermé à vie.
Et les animaux
de boucherie ? Un milliard de morts par an en France, tout de même… Il faut
bien manger, voyons ! Certes, mais si on avait un peu de compassion, on
mangerait peu de viande, à la fois pour des raisons écologiques et animalistes
évidentes. Or c’est le contraire qui se produit : n’écoutant que leur bon
plaisir, les gens se gavent de plus en plus de viande. Et l’étiquette
« élevé en plein air » n’est pas destinée à témoigner d’un animaliste
souci des conditions d’élevage souvent effroyables. Elle sert juste à témoigner
d’un goût meilleur de la viande. Donc encore pour satisfaire le bien-être égoïste
des humains. En comparaison de l’innocent lancer de chat, nos sept courageux
justiciers animalistes doivent immédiatement prendre les armes et trucider tous
les gros qu’ils croisent ! Combien de centaines de vies animales, le meurtre
de chaque gros porc-humain épargnerait-il ? On pourrait aussi calculer
combien chacun de nos kilos superflus tue d’animaux…
Qu’ils soient
sauvages, de compagnie ou destinés à finir sous les dents de leurs bourreaux,
il y a tout à faire pour améliorer le sort des animaux. Monsieur Jean Favre
n’est pas leur pire tortionnaire, loin s’en faut…
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