Éditeur :
Casterman pour la version française
Date de
parution : 1998
La collection Écritures de Casterman propose souvent des
mangas de grande qualité.
Il a 48 ans,
un peu alcoolo, assez usé par le boulot et la platitude de la vie quotidienne,
comme tant d’autres. Sa mère est morte il y a 20 ans et son père a disparu
quand il en avait 14. Soudain, coup de théâtre dans sa routine sclérosante, il
se retrouve propulsé dans le passé, à l’âge de 14 ans, dans sa famille
japonaise en 1964.
Au début, bien
sûr, il est abasourdi. Ensuite, il est ravi : il retrouve le corps de sa
jeunesse, avec sa conscience et son expérience d’adulte. Son entourage le
trouve changé, forcément. Notre personnage principal les déroute, mais aussi
les fascine par sa maturité. Puis vient le temps du doute : il a peur de
changer le cours des événements puisqu’il se comporte différemment, un dilemme
classique des voyages dans le temps. Paradoxalement, il voudrait bien modifier un
élément-clé de sa vie : empêcher son père de partir du jour au lendemain
sans donner d’explications ni laisser de traces.
Le thème du
voyage dans le temps est archi rebattu, mais inépuisable. Ce qui compte, c’est
qu’il soit traité avec finesse et talent. C’est le cas ici. Le personnage principal
nous invite à des réflexions philosophiques sur la jeunesse, la façon dont elle
voit les adultes et vice-versa. Car il se sent à la fois jeune et vieux.
Les
personnages sont attachants et leur psychologie tient la route. L’intrigue est
prenante.
Le dessin est
magnifique. Très fin, surtout pour un manga dont les stéréotypes et les canons
donnent en général un aspect certes vivant et énergique, mais produisent un
dessin bâclé. Ce n’est pas le cas ici. Les paysages sont représentés avec précision
et réalisme, les personnages sont bien expressifs, de visage comme de corps.
Bref, c’est du beau dessin artistique.
Quartier lointain se raconte en deux
volumes. Je ne dévoilerai pas ici l’intrigue de la suite pour ne pas gâcher le
suspense aux futurs lecteurs du premier volume. Il suffit de dire que la
seconde partie révèle une histoire incroyablement profonde, dramatique
(carrément triste, mais réaliste), touchante voire bouleversante, et pleine de
rebondissements à la fois plausibles et étonnants.
L’ensemble
donne un manga touchant et profond, un chef-d’œuvre : le mot ne parait pas
trop fort. Un roman graphique philosophique et d’une grande psychologie.
Vous aimerez
peut-être :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire