mercredi 13 février 2013

Critique : Hunger Games, de Suzanne Collins (le roman, tome 1)


Paru en 2008 aux États-Unis, ce roman de science-fiction devint aussitôt un best-seller. Depuis, deux autres tomes ont complété la trilogie, et une série d’adaptations cinématographiques est en cours. Je traiterai ici du premier roman.

Hunger Games est une dystopie ou contre-utopie, c’est-à-dire un monde très merdique. Mais en fait, guère plus que l’âpre révolution industrielle du XIXe siècle, la 1ere guerre mondiale, la seconde, la Grande Dépression… La Grande Dépression, justement ! L’auteure s’est inspirée de la vie de son père à cette époque : il avait tellement faim qu’il devait chasser pour survivre. Et la guerre du Vietnam, merdique aussi. Là encore, Collins s’est souvenue de l’angoisse qu’elle éprouvait devant la télé, pendant que son père combattait là-bas. Le monde des Hunger Games est un peu plus hard que notre époque, soit. Quand les États-Providence auront fait faillite en cascade, il faudra toutefois réévaluer le confort de notre monde par rapport à celui de la dystopie des Hunger Games.

Chaque année, les douze provinces doivent envoyer un jeune homme (entre 12 et 18 ans) et une jeune fille pour s’entretuer dans une arène moderne. Quel crève-cœur pour les familles ! Quel spectacle alléchant pour les voyeurs télévisuels ! Notre héroïne y va et elle doit survivre ; la galère…

L’auteure affirme s’être inspirée du mythe de Thésée et du Minotaure. Périodiquement, Athènes devait envoyer sept jeunes filles en Crète pour y être sacrifiées au Minotaure dans son labyrinthe, car Athènes avait déplu aux Crétois qui entendaient leur rappeler de rester cois.

On a reproché à Collins d’avoir plagié Battle Royale, voire The running man. La bonne blague ! Le thème du gladiateur qui défend sa peau dans l’arène est… antique et n’appartient à personne.

L’intrigue générale est donc classique. Ce qui fait la force du roman, outre l’intrigue secondaire de type romance un peu cousue de fil blanc mais quand même assez attendrissante, c’est la façon dont la partition est mise en musique.

Le roman est écrit à la première personne. L’avantage, c’est qu’on s’identifie plus fort au personnage principal. L’inconvénient, c’est qu’on n’a droit qu’à ses monologues intérieurs à elle. Heureusement, qu’elles sont riches, ses pensées à notre héroïne ! Elle nous fait part de ses sentiments très régulièrement, ce qui l’humanise et la rend présente, vivante, réelle. Pas de fioriture de style ni de digressions. On ne lira pas de métaphores flamboyantes ou autres effets de style, ni de pensées profondes voire philosophiques. Non ! Efficacité, sobriété, intensité, précision rythment le récit haletant sans temps mort ou presque. Enfin, si, on s’attarde sur ses robes, car il faut mettre en avant sa féminité qu’on pourrait oublier dans le feu de l’action sanglante. Il s’agit-là de gommer le tempérament très masculin de notre héroïne : agressive, énergique, violente même : un vrai petit homme… On s’appesantit aussi sur les menus des repas : comme elle vient d’une région très pauvre où on connait la faim, elle se préoccupe beaucoup de nourriture. Dès qu’elle peut, elle se goinfre, de peur de manquer.

La psychologie des personnages est très bien rendue. On ne sombre jamais dans la mièvrerie. On déplorera juste un peu de manichéisme : il y a les bons, les méchants, et les cons-cons moutons. Mais en fait c’est la faute du système. C’est lui qui corrompt la bonne nature de l’être humain, n’est-ce pas…

  

Vous aimerez peut-être :


1 commentaire:

  1. Bonne critique. En effet les 3 romans sont assez flippants, mais la psychologie des personnages les rendent attachants

    RépondreSupprimer