Le Nouveau Roman est un genre littéraire
apparu dans les années 1950. Certains de ses représentants emblématiques
affectionnaient un style particulier qui abusait de compléments
circonstanciels de lieu, adjectifs qualificatifs, comparatifs, et précisions
inutiles. Autre originalité, le narrateur à la deuxième personne du pluriel.
Vous êtes dans
le train. Vous ouvrez la porte de votre compartiment. Vous faites trois pas et
vous pivotez vers la gauche pour lire les numéros de place. À votre droite, la
vitre. Le paysage qui défile, vous vous en battez les flancs, au sens figuré
s’entend, parce qu’au sens propre, vos bras sont encombrés de bagages, une lourde
valise marron dans chaque main. À votre gauche, un homme assis déborde de sa
place. Il est plus gros que vous, doux euphémisme. Énorme, adipeux,
ventripotent, joufflu, rond, obèse, fessu ô combien.
Chacune de ses
fesses occupe une place. Vous posez la valise tenue par votre main droite, (vous
êtes droitier) puis vous lisez et relisez votre billet : place 052, c’est
ce qui est inscrit, hélas, autant de fois hélas que vous relisez, sur la plaque
grise rayée par l’usage et bordée de noir, au-dessus de votre place, au-dessus de la cuisse gauche monstrueuse de ce voisin
à l’appétit féroce. Il fait assurément partie du 1 % des obèses
pathologiques qui ont le gène de l’appétit détraqué.
Un énorme
paquet de bonbons repose sur sa cuisse droite. Au rythme d’un toutes les cinq
secondes, un tempo aussi envoutant que celui de la musique techno pourtant plus
frénétique, il les engloutit de sa main gauche, boudinée et rose. Les bonbons
sont verts, mais moins que vous qui ne savez plus où vous mettre.
Excellent, j'adore !! quel humour !
RépondreSupprimerEffectivement, on s'y croirait. Robbe Grillet, sors de ce corps !
RépondreSupprimerHeureusement que c'est un pastiche, parce que le Nouveau Roman, ce n'est pas ma tasse de thé... L'exercice est réussi !
Merci pour votre appréciation !
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