mercredi 24 juillet 2013

Mathilde la notable


Depuis le vol de son portefeuille, rien n’allait plus comme avant pour Mathilde. Cela s’était passé à l’heure de pointe dans le métro du soir ; comme toujours elle avait quitté le siège de la société la dernière. Sur le moment, elle ne s’était aperçue de rien. (…) Après seulement, elle s’était rendu compte.

(…) Plus de goût à rien, Mathilde. Dans son appartement de la rue du Louvres, au premier étage, certains soirs, elle n’allumait pas…

 
J’ai imaginé la suite de ce texte de François Nourissier :

 
Certains matins, elle ne se levait pas… Elle ne quittait plus le siège de la société la dernière. Oh non, c’était bien fini. Cette société qu’elle avait bâtie de ses mains, ou plutôt par l’opération de son esprit sain, son temps précieux, sa sueur énergique, ses relations particulières, tout son être, bref son bébé, elle le négligeait pour la première fois.

Comment une bâtisseuse d’empire de sa trempe avait pu être à ce point dévastée par le simple vol d’un portefeuille ? Voilà certainement ce que vous vous demandez, lecteur. Une longue enquête a permis de reconstituer l’enchainement dramatique des faits. Car Mathilde la notable, en somme, n’était pas la femme qu’elle paraissait.

D’abord, dans ce portefeuille, il y avait des photos compromettantes de son amant. Or son mari les reçut par la poste quelques jours plus tard et demanda le divorce pour faute.

Ensuite, dans ce portefeuille, il y avait des numéros de compte en Suisse, où en bon chef d’entreprise, elle planquait son magot. Or le fisc les reçut par la poste quelques jours plus tard. Alors contrôle fiscal et mise à l'index. Que l’opprobre est sale !

De plus, dans ce portefeuille, il y avait des contacts avec la pègre, celle qui l’avait aidée à démarrer sa société. Or la justice, eh oui, pareil, lettre anonyme. Alors garde à vue, mise en examen et tout ce qu’elle pouvait dire, eh bien, non, valait bien qu’elle la boucle et laisse jacasser son baveux.

Et enfin, dans ce portefeuille, il y a avait la lettre compromettante d’un politicien. Elle le faisait chanter, la Mathilde interlope. Or, tenez-vous bien lecteur, aucun organisme n’a reçu cette lettre par courrier anonyme.

 
 

 

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