— Alors Momo,
explique-moi ce qui a foiré pour qu’on se retrouve dans une telle merde !
— Eh bien,
tout a commencé au poil, pourtant. On avait préparé avec soin tout le
matos : voiture rapide, postiches, armes à feu…
Le visage
d’Ernest rosit. Ses poings se contractent.
— Bien
commencé… Faut le dire vite ! À propos de la voiture volée…
Une quinte de
toux interrompt Ernest.
— Te fâche pas
Ernest. Quand tu hausses le ton, ça insécurise Ahmed qui a déjà du mal à respirer.
—
Crétin ! rugit Ernest. Il respire plus depuis un moment.
— Ah ?
Bon. Enfin, façon de parler. Ça devait arriver, il a toujours été de santé
fragile. Chaque année, il nous choppait la grippe. J’lui disais :
« Coco, va te faire vacciner ». Tu crois qu’il m’écoutait ? Que
dalle ! Voilà le résultat…
— Y a pas de
vaccin contre les bastos calibre 38 ! explose Ernest. Oh, mais si
maintenant que tu m’y fais penser : t’étais censé nous procurer des gilets
pare-balles.
— Ah !
Ouais, mais ils étaient trop petits, ceux que j’ai dénichés. On aurait paru
engoncés.
Le visage
d’Ernest vire au rouge vif. Il grimace en se tenant l’épaule.
— Engoncés… Abruti ! Il est pas
engoncé grave, maintenant, Ahmed ?
— Te fâche
pas, Ernest. C’est pas bon pour ton épaule. Tu retardes la guérison.
— C’est toi le
retardé ! Pour que je guérisse, faudrait déjà extraire la balle. Où diable
est la trousse à pharmacie ?
— Ah, ben j’l’ai
oubliée dans le feu de l’action. L’erreur est humaine, non ?
— Oh, l’abruti !
Si encore c’était ta seule connerie…
— Ne te
polarise pas sur mes quelques petites bourdes. T’es trop négatif, c’est ça ton
problème. Rappelle-toi plutôt mes idées qui frôlent le génie. La voiture, par
exemple.
— Parlons-en
de la voiture ! hurle Ernest.
Il est
aussitôt pris d’une violente quinte de toux.
— Dis donc, tu
nous ferais pas une grippe, toi aussi des fois ? Euh, bon, la voiture,
j’ai pensé que ce serait bien qu’elle soit camouflée.
— Camouflée… répète Ernest en secouant la
tête.
— Ben oui,
j’ai volé une caisse de flics pour pas éveiller les soupçons quand on
arriverait devant la banque. Astucieux, non ?
— Sauf qu’une
bagnole de flics volée, ça passe pas inaperçu, Momo, n’est-ce pas ?
— Ben, j’avais
changé les plaques, mais il restait la peinture. Sinon, c’était plus une voiture
de flics, quoi…
— C’est comme
ça qu’ils ont pincé Boris.
— Ah !
s’exclame Momo. Tu sais que j’aime pas dire du mal des gars de la bande, mais
bon, Boris, il était pas assez discret. Je dirais même plus : il manquait
de furtivité.
—
Forcément ! Une voiture de flic, ça aide pas à faire le ninja.
La toux repart
de plus belle.
— Ernest, je
regrette d’insister, mais faut vraiment que tu prennes plus soin de ta santé.
Tu t’énerves et la plaie de ton épaule s’est rouverte. Tu pisses le sang grave,
c’est pas propre. Quand on aura soigné ton épaule, faudra qu’on s’attaque à tes
nerfs.
— Oh, ils sont
déjà bien attaqués, mes nerfs…
— Essaie de
penser : « Zen »,
« guérison »…
— C’est le
braquage catastrophique qui m’obsède.
— J’ai fait de
mon mieux, Ernest, j’te jure. Ok, dans la banque j’ai un peu merdé. Pourtant en
général, j’suis un pro du casse.
— Un pro du casse, qu’il dit… murmure
Ernest les larmes aux yeux.
— Tu vois,
c’est tes nerfs… Ouais, ok, y a eu comme un bruit bizarre qui m’a stressé. J’ai
cru que l’alarme se déclenchait. Au même moment, y a une cliente qui a mis la
main dans son sac. Elle allait sortir un gun, c’te morue. Sûrement une
fliquesse en civil. Heureusement que j’ai des réflexes de ninja, comme tu dis.
J’l’ai pas loupée, la poufiasse !
— Oh non, tu
l’as pas ratée ! Elle cherchait à éteindre son portable dans son sac. T’as
pris la sonnerie du portable pour l’alarme, bougre de triso !
— C’est un
malheureux concours de circonstances.
— Surtout pour
Aldo. Ta bastos a traversé le corps de la femme et l’a tué sur le coup.
— Au moins, il
a pas souffert. Tu vois, Ernest, dans la vie, souvent à quelque chose malheur
est bon. C’est rassurant, non ?
— Rassurant…
— C’était une
perte collatérale, un tir fratricide, comme à la guerre. L’important, c’est
qu’on s’en soit tiré, nous deux, non ?
Les pleurs
d’Ernest se transforment en sanglots. Il parvient à articuler :
— On est
cernés. Les flics vont donner l’assaut.
— Je les
laisserai pas te prendre vivant. Tu es un caïd de la trempe de Mesrine. Tu vas
rentrer dans la légende de la grande racaille : la mort plutôt que la
taule. On n’a plus de munitions mais il me reste mon cutter. Bouge pas, ce sera
moins douloureux.
— Au secours !
Police !
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Rires !
RépondreSupprimerBien joué ;-)
Merci !
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