Depuis des
années, tous les éditeurs refusaient ses manuscrits. Il lui fallait changer de
méthode. L’apprenti écrivain décida de se faire pistonner. Il attendit à la
sortie de son bureau une directrice de collection des éditions Gallimuche qu’il
avait reconnue grâce à la photo sur le site de la maison d’édition. Il l’aborda
et la séduisit, car s’il manquait de talent littéraire, il possédait le
charisme des passionnés ainsi, accessoirement, qu’un physique avantageux.
Après l’acte
d’amour, il lui remit son meilleur roman. La demoiselle lut le début et déclara
que malgré l’amour bouillant qu’elle éprouvait pour son amant, l’écrivain la
laissait de glace.
Elle fit la
bêtise de lui conseiller de changer de voie. Il entra dans une rage immense et
commença à l’étrangler. Il se reprit en réalisant qu’il avait laissé tant de
traces de lui que la police ne manquerait pas de le retrouver. Il s’excusa,
ramassa son manuscrit imparfait et partit.
Étrangler une
éditrice l’avait mis en extase. Ah, se venger du rejet des éditeurs ! Et
tuer, exprimer sa force, quelle sensation ! Sans compter que l’expérience
pourrait l’inspirer pour son prochain thriller sur un tueur en série. Il jubilait
à l’idée de joindre l’utile à l’agréable.
Rentré chez
lui, en parcourant le site web des éditions Albi Michon, il repéra une éditrice
dont le nom lui était douloureusement familier. Elle avait refusé tous ses textes,
et suprême humiliation, presque dès réception à chaque fois.
La rage au
ventre, l’excitation au bas-ventre, il la suivit à la sortie des bureaux de
l’éditeur, enfila des gants en plastique et l’étrangla devant chez elle. Il
réussit à prendre la fuite sans se faire repérer.
Il était en
train de vivre le meilleur moment de sa vie quand, rentré chez lui, il ouvrit ce
courrier :
Monsieur,
J’accuse réception de votre manuscrit.
Contrairement aux précédents textes, je décèle une grande profondeur dans votre
œuvre. Je vous avoue cependant que j’ai eu le plus grand mal à le faire
accepter de ma direction. Si nous le corrigeons ensemble, je suis confiante
qu’il sera édité chez Albi Michon. Encore bravo. Veuillez me contacter au…
La lettre était
signée de l’éditrice qu’il venait de tuer.
Vous aimerez
peut-être :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire