lundi 27 août 2012

Critique de Monster Hunter Orage par Hiro Mashima (manga)


Éditeur : Pika Edition
Date de parution : 2008 pour la version originale japonaise
Genre : nekketsu de type Shonen
 
Ce manga en quatre volumes est tiré du jeu vidéo Monster Hunter de l’éditeur japonais Capcom. Capcom est l’auteur de jeux vidéo mythiques : Street Fighter, Megaman, Resident Evil, Devil May Cry. Monster Hunter s’est imposé ces dernières années comme un jeu culte au Japon, égalant les ventes des franchises Pokemon et Yu-Gi-Oh. Le dernier opus, Monster Hunter Portable Third a dépassé les quatre millions d’exemplaires vendus dans l’archipel nippon, redonnant à lui seul une seconde jeunesse à la console portable PSP de Sony.

Monster Hunter est un jeu de rôle orienté action. L’objectif est de chasser des monstres pour, avec les différentes parties de leur corps, fabriquer des armes et des armures plus performantes, afin de chasser d’autres monstres de plus en plus puissants. Ce thème de chasse aux monstres dans le but de récupérer des matériaux utiles (et accessoirement de protéger les villageois) semble inscrit dans la mythologie japonaise. Le manga InuYasha, par exemple, explore cette idée. Je pense qu’elle vient du tréfonds des âges. À la préhistoire, au paléolithique, les humains chassaient le gros gibier non seulement pour la viande, mais pour tous les organes : os, tendons, viscères, graisse, cornes…

Monster Hunter Orage est un manga de type Shonen. Ce terme signifie adolescent en japonais. Il ne désigne pas un genre, mais une cible éditoriale : les ados garçons.

Nekketsu par contre désigne le genre. Son représentant le plus connu est le manga Dragon Ball, ainsi que Naruto. Il met en scène un jeune garçon idéaliste, fougueux, exalté, enthousiaste qui vit pour réaliser son rêve. Ici, il s’agit de vaincre le plus rare et le plus puissant des monstres. Notre héros se montre droit, franc, mais aussi naïf au point d’en être niais, un thème humoristique exploité à profusion.

C’est dans l’adversité qu’il se révèle : pour sauver ses compagnons chasseurs, pour vaincre les monstres les plus coriaces, quand on croit que tout est perdu, eh bien non, le petit bougre, en dépit de son minuscule corps ridiculement malingre, réussit là où tous échouent. Parce qu’il possède la foi qui déplace les montagnes, comme Jésus… Il a un don presque magique, il est béni de(s) Dieu(x) comme Jésus…

L’histoire raconte les pérégrinations d’un groupe de jeunes chasseurs qui découvrent la solidarité et la coopération qui leur permettent de triompher des monstres et aussi des méchants chasseurs rivaux. Car le mal rôde, nos talentueux amis attirent la jalousie. Le long chemin (4 volumes) pour devenir des chasseurs mythiques se révèle parsemé d’embuches. Vont-ils y arriver ?

Les filles chasseuses apparaissent toutes intelligentes, belles, minces, fortes physiquement comme des hommes et pourvues de formes avantageuses, révélées jusqu’au bikini parfois, cible éditoriale oblige.

L’histoire se révèle plus subtile qu’il n’y paraît, toutefois. Ainsi, on découvre progressivement le passé des personnages, les traumatismes qu’ils ont encaissés et qu’ils ont du mal à surmonter.

En conclusion, voici un manga intéressant pour découvrir l’univers de Monster Hunter et le genre nekketsu.

 


 

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vendredi 17 août 2012

Critique de Preacher : Mort ou Vif (BD)


Titre : Preacher
Sous-titre : Mort ou Vif
Dessinateur : Steve Dillon
Scénariste : Garth Ennis
Éditeur : Panini Comics
Date de parution : 1996 pour la version originale en anglais

Le genre ? Fantastique-horreur, mâtiné de polar noirâtre. Pour lecteurs très avertis.
 
L’histoire ? Le révérend Jesse Custer menait une vie tranquille dans une petite ville du Texas. Seulement voilà, un ange (créature de Dieu, donc) et une démone (créature de Lucifer) se sont accouplés et reproduits. C’était interdit, mais ils l’ont fait, car les créatures divines ont toujours été anthropomorphes (comme le Dieu de l’Ancien Testament), et sont donc ballotées par les passions humaines, voire animales. Leur embarrassant rejeton était emprisonné au Ciel, dont il s’est enfui. Et, manque de pot, il s’est réfugié dans le corps du révérend. Alors notre beau gosse se lance dans une épopée, une quête plus blasphématoire que mystique, pour trouver Dieu qui a abandonné ses créatures et lui demander des comptes, rien de moins. Il est accompagné d’une maniaque de la gâchette (une ex qui lui inspire le brûlant désir de remettre le couvert) et d’un vampire au grand cœur, qui ne tue que pour se nourrir et, en plus, que des salauds qui ne méritent pas de vivre. Le plus humain de la bande, c’est peut-être le vampire.

C’est du fantastique donc, très rocambolesque à première vue. Le talent du scénariste est tel que l’histoire est cohérente et passe bien. Les personnages possèdent leur psychologie et arrivent à se montrer attachants malgré leurs vices. Les dialogues sont percutants. Il y a aussi des monologues saisissants, avec une bonne dose d’humour.

Il y a de l’horreur aussi. Beaucoup. Du gore sanglant - le pléonasme ayant ici une valeur emphatique - à la limite du soutenable. Le dessin est saisissant. On aimerait presque qu’il soit moins réaliste. C’est vraiment pour des lecteurs très avertis, à lire avant 21 heures et après 21 ans. Il est amusant de constater que les scènes de sexe sont autocensurées, alors qu’on nous montre les pires horreurs, tortures, tueries. Comme au cinéma.

Globalement, une histoire fascinante, originale, qui vous prend aux tripes. Dans son genre si particulier, un chef-d’œuvre à ne pas mettre entre toutes les mains. Preacher, c’est barré ! annonce la préface.






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mercredi 8 août 2012

Nouvelle courte : Le plumitif hâtif


Depuis des années, tous les éditeurs refusaient ses manuscrits. Il lui fallait changer de méthode. L’apprenti écrivain décida de se faire pistonner. Il attendit à la sortie de son bureau une directrice de collection des éditions Gallimuche qu’il avait reconnue grâce à la photo sur le site de la maison d’édition. Il l’aborda et la séduisit, car s’il manquait de talent littéraire, il possédait le charisme des passionnés ainsi, accessoirement, qu’un physique avantageux.

Après l’acte d’amour, il lui remit son meilleur roman. La demoiselle lut le début et déclara que malgré l’amour bouillant qu’elle éprouvait pour son amant, l’écrivain la laissait de glace.

Elle fit la bêtise de lui conseiller de changer de voie. Il entra dans une rage immense et commença à l’étrangler. Il se reprit en réalisant qu’il avait laissé tant de traces de lui que la police ne manquerait pas de le retrouver. Il s’excusa, ramassa son manuscrit imparfait et partit.

Étrangler une éditrice l’avait mis en extase. Ah, se venger du rejet des éditeurs ! Et tuer, exprimer sa force, quelle sensation ! Sans compter que l’expérience pourrait l’inspirer pour son prochain thriller sur un tueur en série. Il jubilait à l’idée de joindre l’utile à l’agréable.

Rentré chez lui, en parcourant le site web des éditions Albi Michon, il repéra une éditrice dont le nom lui était douloureusement familier. Elle avait refusé tous ses textes, et suprême humiliation, presque dès réception à chaque fois.

La rage au ventre, l’excitation au bas-ventre, il la suivit à la sortie des bureaux de l’éditeur, enfila des gants en plastique et l’étrangla devant chez elle. Il réussit à prendre la fuite sans se faire repérer.

Il était en train de vivre le meilleur moment de sa vie quand, rentré chez lui, il ouvrit ce courrier :

Monsieur,

J’accuse réception de votre manuscrit. Contrairement aux précédents textes, je décèle une grande profondeur dans votre œuvre. Je vous avoue cependant que j’ai eu le plus grand mal à le faire accepter de ma direction. Si nous le corrigeons ensemble, je suis confiante qu’il sera édité chez Albi Michon. Encore bravo. Veuillez me contacter au…

La lettre était signée de l’éditrice qu’il venait de tuer.







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mercredi 1 août 2012

Critique de Death - La vie…à quel prix !

      Titre original : Death: the high cost of living
Scénario : Neil Gaiman
Illustration : C. Bachalo, M. Buckingham, D. McKean
Éditeur : Panini Comics
Date de parution : 1994 pour la version originale
Genre : bande dessinée fantastique, poétique et féérique
 

Sexton Furnival est affublé d’un nom ridicule dont il souffre. L’ado suicidaire traîne une tonne de problèmes dans sa tête qui lui viennent en partie de ses parents spéciaux. Il veut en finir quand il rencontre Didi, une jeune fille loufoque. Il ne tombe pas amoureux, mais il la suit, car elle l’intrigue. Elle est enjouée, énergique, positive, tout le contraire de Sexton.

Et puis, elle prétend être la Mort. Il la prend pour une mytho bien sûr. Tout de même, elle le fascine. Alors, ils vivent une épopée de vingt-quatre heures dans les rues de New York, poursuivis par des fous, ou peut-être, des êtres surnaturels.

Tout le long de l’histoire, l’œuvre joue admirablement sur l’ambivalence : les personnages sont-ils surnaturels ou dingos ? On flirte avec le conte philosophique sur fond de parcours initiatique. Sexton apprend à devenir aimable et à aimer : les gens, la vie.

Les dialogues sont croustillants, le rythme soutenu, le dessin remarquable. L’œuvre recèle une profondeur certaine.

L’éditeur affiche le logo pour lecteurs avertis. Pour une fois, je ne suis pas d’accord. Le Petit Prince est-il pour lecteurs avertis ? Pourtant un enfant qui se suicide, ça pourrait choquer les jeunes lecteurs…






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