mardi 9 juillet 2013

Critique : Le grand Meaulnes d’Alain Fournier


Ce classique de la littérature française est paru en 1913. L’année suivante, Alain Fournier se fait tuer à la guerre à 27 ans, laissant à la postérité des poèmes et cet unique roman qui deviendra un best-seller international.

Le grand Meaulnes, c’est l’histoire d’un garçon de 15 ans, dans les années 1890 qui s’ennuie ferme à la campagne. Un jour, un ado de 17 ans débarque. Il est aventureux, orgueilleux, mystérieux, idéaliste, romantique, viril, solitaire, charismatique, chevaleresque. On le surnomme le grand Meaulnes, parce qu’il est de grande taille, mais pas seulement. Un jour, Meaulnes part en escapade car il est en révolte contre le monde des adultes. Il se retrouve au beau milieu d’une fête étrange et, moment de grâce, il tombe sur une jeune fille qui lui fait un effet terrible. Mais alors si foudroyant qu’il ne s’en remettra pas, ni lui, ni la plupart des personnages du roman.

Les personnages principaux sont presque tous si idéalistes, si romantiques, si détachés de la réalité, si exaltés qu’ils en deviennent stupides. Ainsi ce pauvre Meaulnes qui recherche pathétiquement sa fiancée en secret, alors que s’il en parlait ouvertement, il la retrouverait bien vite. Mais au fond de lui, il ne veut pas la trouver. Il veut juste la chercher et la garder intacte dans son souvenir ébloui et ô combien idéalisé. La quintessence du romantisme…

Le grand Meaulnes démontre qu’il est souvent vain de vouloir classer une œuvre de fiction. C’est un roman protéiforme, un kaléidoscope littéraire. Roman de terroir, d’abord, bien ancré dans la réalité campagnarde pour mieux faire ressortir le merveilleux et le rêve. Cet aspect comporte hélas des passages un peu rasoir, mais pas plus que les romans de ses contemporains. Seuls les romans pour la jeunesse échappent à cette tare : Black Beauty d’Anna Sewell, Heidi de Joanna Spiri, Les aventures de Tom Sawyer de Mark Twain ou encore Anne… La maison aux pignons verts de Mary Maud Montgomery. À noter que Fournier retranscrit le parler des paysans de l’époque « C’est-il que… », une innovation que suivront Henri Barbusse dans Le feu et surtout Céline dans Voyage au bout de la nuit : des dialogues réalistes, des personnages qui ne parlent pas comme dans les livres, un style vivant et non pas pédant. Il s’agir d’une avancée majeure de la littérature moderne.

On a dit à juste titre que Le grand Meaulnes était aussi un récit autobiographique, un roman onirique, un roman d’aventures et un roman d’adolescence. Je résumerais par : une tragédie romantique, voire un mélodrame. Et j’irai même plus loin ! Le grand Meaulnes possède une véritable intrigue, avec coups de théâtre, rebondissement et, oui, suspense. Le grand Meaulnes est aussi un thriller !

Le grand Meaulnes est dans le domaine public. Il est donc disponible en téléchargement gratuit pour liseuse sur internet. Je conseille feedbooks qui propose les trois formats d’ebooks (pdf, epub et mobi pour Amazon Kindle). De plus, ce site propose une belle collection gratuite d’œuvres tombées (ou montées ?) dans le domaine public.
 



 

 

Vous aimerez peut-être :


2 commentaires:

  1. une oeuvre lue et relue sans jamais de lassitude

    RépondreSupprimer
  2. J'aime bien votre blog satirique, Cafardages.

    Moi aussi, j'ai donné dans la satire, à peine fictive :

    http://www.editionsdelabatjour.com/pages/Les_politisinges-7579620.html

    RépondreSupprimer