Sous-Titre :
Le grand banditisme français
Éditeur :
Éditions First
Date de
parution : 2009
Genre : Essai
journalistique
Alexandre
Bonny nous raconte d’une façon vivante et romancée la vie et la mort d’une
brochette de grands criminels français : Émile Buisson, les frères
Guérini, Pierrot le fou, René la canne, François Marcantoni, Albert Spaggiari,
Tany Zampa, Jacques Mesrine, Francis Vanverberghe, le gang des Lyonnais, le
gang des postiches, Michel Crutel, Pascal Payet, le clan Hornec, Antonio
Ferrara.
Ce qui est
passionnant, c’est qu’il est possible de dégager un certain nombre de points
communs à ces grands criminels. Même si bien sûr il y a de nombreuses
exceptions, on peut tracer une sorte de portrait-robot comportemental et
sociétal du criminel doué.
Le criminel
nait souvent dans un milieu social très défavorisé. Très tôt, il se lance dans
des menus larcins, connait la prison pour de courtes peines. Loin d’être
rédemptrice, la prison lui permet de se faire des contacts au sein de la pègre,
et l’encourage en fait sur la voie du crime.
Le métier de
base du grand criminel est le braquage. C’est souvent dans cette activité qu’il
se fait un nom et bâtit sa fortune. Attaque à main armée de banque, poste,
usine, fourgon, bijouterie, enlèvement, cambriolage, saucissonnage. Activité
lucrative mais risquée. Elle a l’inconvénient d’attirer l’attention de la
police. D’où cavale, parfois sans quitter la région, car avec du cash, on se
planque facilement.
Ensuite, le
grand criminel a deux voies possibles.
S’il est
gestionnaire, comme la mafia italienne, arménienne ou américaine, il investit
son capital et fait tourner son business comme un chef d’entreprise. Il a alors
pignon sur rue, travaille avec des avocats et jouit du soutien de politiciens
corrompus comme Jacques Médecin à Nice et Gaston Deferre à Marseille. Il prend
des participations dans des discothèques, bars, machines à sous, casinos, prostitution,
etc. Il lui arrive de toucher aux trafics en tous genres : armes, drogue,
êtres humains. Il tombe en général quand le politicien le lâche sous la
pression de l’opinion publique, après de longues années d’impunité. Ou bien il
se fait prendre pour une broutille, genre fraude fiscale (comme Al Capone).
Deuxième
voie : s’il est accro à l’adrénaline, il ne cesse d’enchainer braquages et
cavales pendant lesquelles il claque son fric. Il sait qu’il devrait décrocher,
mais il n’y arrive pas, grisé par sa puissance, la gloire. Toujours il revient
en France et remet ça. Même s’il est richissime. L’argent n’est pas la seule
motivation. Il tombe rarement en flagrant délit. Il sait bien qu’il va se faire
prendre, mais impossible de décrocher. Un jour, il se fait dénoncer par des
comparses. C’est la pègre qui fait tomber la pègre. Mais un truand isolé ne
pourrait pas refourguer sa marchandise, et il faut souvent s’associer à
plusieurs pour monter un coup. Ou bien il se fait tuer lors d’un règlement de
compte entre bandes pour le contrôle d’un territoire.
Le grand
criminel ridiculise la police, parfois pendant de longues années comme le gang
des postiches et celui des Lyonnais. Malgré des moyens gigantesques, la police
n’arrive à rien ou presque à cause de la corruption, des lois et de la ruse des
malfrats. À noter que la corruption touche toutes les couches de l’État :
police, administration pénitentiaire, justice, et bien sûr, les parrains
étatiques que sont certains députés-maires.
Et la
justice ? Encore plus grotesque que la police. C’est simple : la
condamnation d’un malfrat est parfaitement aléatoire. Certains sont accusés
pour des crimes qu’ils n’ont pas commis, d’autres sont blanchis pour ceux
qu’ils ont perpétrés. En fonction de l’incompétence du juge, le petit malfrat
peut prendre perpétuité, le grand criminel bénéficier d’un non-lieu. La justice
française, c’est la loterie du diable.
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Encore une critique qui donne envie de découvrir ce livre et le monde des gangsters.
RépondreSupprimerMerci !
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