Auteur : Sergent C. Tran Van Can, avec N. Mingasson
Éditeur : Plon + Le Figaro Magazine
Date de parution : Avril 2011
Genre : Carnets de guerre
Tran Van Can est sergent dans une unité de combat française. Il raconte les six mois intenses qu’il a passés en Afghanistan en 2010, suivi par un journaliste du Figaro.
Le sergent est volontaire pour partir en « opex » (opération extérieure) 6 mois en « Afgha ». Pendant de long mois préparatoires, il s’entraîne dur avec ses camarades. Il est chef d’un groupe de combat, un poste charnière. Il doit encadrer ses hommes : ordonner, motiver, aider, donner l’exemple.
Le but est de ramener tout le monde (pas de gagner la guerre, diraient les détracteurs de la coalition).
Avant même le départ, l’état-major est d’une rare et louable franchise. Il les prévient que certains ne reviendront pas. En arrivant en Afgha, notre sergent est tout de suite dans l’ambiance. Il croise ceux qu’il est venu relever. Il espère une discussion, un passage de témoin et un retour d’expérience, un contact quoi ! Il déchante. Les hommes qu’il croise sont des zombies : gris de saleté et de fatigue, la tête baissée, muets. Certains pleurent !
Le sergent et ses hommes sont affectés dans l’est du pays, dans une vallée infestée de talibans. La FOB (base avancée) est confortable, surtout par rapport aux conditions de vie de l’ennemi. Cependant, de temps en temps, il faut courir aux abris pour échapper aux tirs d’artillerie des insurgés. Un blessé grave est d’ailleurs évacué d’urgence. Des tirs en plein dans la base ! On est effaré de constater à quel point la coalition est malmenée par les insurgés.
Les soldats, au début de leur mission, s’ennuient. Ils sont partagés entre d’une part le désir d’en découdre, d’accomplir ce pour quoi ils sont là, et d’autre part, la crainte fondée d’avoir des pertes.
L’armée (le contribuable, diraient les détracteurs, celui qui paie les opex aux quatre coins du monde, pour le prestige de la France et tant qu’elle arrive à assumer sa dette écrasante) a fait un réel effort pour équiper correctement les soldats français qui n’ont plus à rougir vis-à-vis des Américains. On apprend que le gilet pare-balles Ciras est réellement efficace mais en contrepartie, il pèse 18 kg . L’ensemble du barda dépasse les 30 kg . Les fantassins sacrifient leur mobilité. On se retrouve en quelque sorte au moyen-âge, du temps des cottes de maille (pas tout à fait quand même du temps des armures de plaque, mais cela viendra peut-être…).
Dans un bel élan de franchise, l’auteur écrit qu’à cause des mesures de sécurité, aucun rapprochement n’est possible avec la population. La coalition est perçue comme une armée d’occupation. Il ajoute que s’il était à leur place, il prendrait les armes contre l’envahisseur !
Quand le sergent retourne à l’arrière, il est ulcéré du manque de soutien et de compréhension des officiers bureaucrates planqués. On retrouve le thème commun à toutes les guerres (notamment 14-18) des embusqués et de l’indifférence de l’arrière aux souffrances des combattants.
Ma conclusion est que l’armée française en Afgha fait preuve d’un réel professionnalisme. Elle fait tout ce qu’elle peut, avec les moyens dont elle dispose, pour remplir sa mission. En comparaison de la campagne de France de 1940 et de Dien Bien Phu, il n’est pas exagéré de dire qu’elle se couvre de gloire (après des débuts difficiles compréhensibles) et qu’elle redore son blason.
À lire absolument pour comprendre comment cela se passe concrètement pour nos troupes en Afghanistan. Et, diraient les détracteurs de la coalition, se rendre compte que la guerre est perdue pour la coalition.
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